Macky Sall vise le sommet : Poste de secrétaire général de l’ONU - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Société | Par Maimouna | Publié le 01/06/2025 10:06:40

Macky Sall vise le sommet : Poste de secrétaire général de l’ONU

C’est une ambition longtemps murmurée dans les couloirs du pouvoir, aujourd’hui plus tangible que jamais. À 63 ans, Macky Sall, ancien président du Sénégal, nourrit l’espoir de succéder au Portugais António Guterres au poste de secrétaire général de l’ONU, dont le mandat arrive à échéance en décembre 2026. Une perspective qui a récemment resurgi au cœur des échanges diplomatiques, notamment lors d’une rencontre très discrète, mais politiquement stratégique, entre Emmanuel Macron et Macky Sall, à l’Élysée, le 27 mars dernier.

Lors de cet entretien confidentiel, le chef de l’État français aurait réitéré des messages déjà esquissés en 2023, évoquant les « belles perspectives de reconversion » offertes à Macky Sall dans les organisations internationales. Sans jamais nommer expressément le poste de secrétaire général de l’ONU, la tonalité était claire : Paris envisage une seconde vie pour son partenaire africain sur la scène mondiale. Une offre qui, à l’époque, s’inscrivait dans une tentative diplomatique d’empêcher le dirigeant sénégalais de briguer un troisième mandat à la tête de son pays.

Le sujet, aujourd’hui, refait surface avec insistance. Et pour cause : Macky Sall, dont le nom reste associé à une décennie d’influence dans les arènes africaines et internationales, continue de croire en ses chances. Obtenir le poste de secrétaire général de l’ONU serait pour lui l’aboutissement d’une carrière politique ponctuée de relations étroites avec les grandes capitales du monde, de Washington à Pékin, en passant par Bruxelles et Riyad.

Mais la conquête de cette prestigieuse fonction ne se fait pas sans embûches. Le soutien de la France ne saurait suffire. La nomination du secrétaire général de l’ONU requiert l’approbation des cinq membres permanents du Conseil de sécurité — sans veto — et, idéalement, l’aval de son pays d’origine. Or, sur ce dernier point, les choses se compliquent.

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Depuis son départ de la présidence en avril 2024, les relations entre Macky Sall et le pouvoir actuel à Dakar sont glaciales. Le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko ont plusieurs fois laissé entendre que l’ancien chef de l’État pourrait faire face à la justice. Des accusations pèsent sur lui, notamment celle d’avoir transmis au FMI des données économiques falsifiées. Cinq anciens ministres, dont son beau-frère Mansour Faye, sont déjà dans le viseur d’une cour spéciale pour détournement présumé de fonds publics.

Dans ce contexte tendu, un soutien officiel du Sénégal à sa candidature au poste de secrétaire général de l’ONU semble aujourd’hui très hypothétique. Or, ce soutien est généralement jugé indispensable, comme le rappelle l’entourage de Guterres ou celui de ses prédécesseurs. Sans une bénédiction de Dakar, la légitimité internationale de Macky Sall risque d’être compromise, quels que soient ses appuis extérieurs.

Pour contourner cette difficulté, le camp de l’ancien président sénégalais multiplie les références à des précédents encourageants. Le cas du Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, actuel directeur général de l’OMS, est souvent cité. Reconduit en 2022 malgré l’opposition du gouvernement éthiopien, Tedros a démontré qu’un appui national n’était pas toujours une condition sine qua non. L’équipe de Macky Sall envisage même un scénario dans lequel un compromis discret pourrait être trouvé avec le tandem Faye-Sonko. En échange d’un désengagement politique formel de l’ancien président, le Sénégal pourrait alors adopter une position neutre — voire bienveillante — vis-à-vis de sa candidature au poste de secrétaire général de l’ONU.

Cette stratégie bénéficie d’un soutien régional, notamment du président ivoirien Alassane Ouattara. Proche de Macky Sall, ce dernier plaide en coulisse pour une désescalade avec Dakar, estimant qu’une candidature africaine crédible au poste de secrétaire général de l’ONU servirait l’intérêt du continent dans son ensemble. Un tel appui, surtout s’il est relayé par d’autres capitales africaines influentes, pourrait créer une dynamique en faveur de l’ancien président sénégalais.

Pour l’heure, Macky Sall poursuit ses efforts de mobilisation. Il a récemment échangé avec Lu Shaye, ancien ambassadeur de Chine à Paris et actuel représentant spécial de Pékin pour l’Europe. Objectif : obtenir le soutien, ou du moins la neutralité, de la Chine dans les délibérations à venir. En parallèle, il tente une approche prudente auprès des Républicains américains, par anticipation d’un retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. Car sans l’appui des États-Unis, aucun candidat ne peut espérer accéder au poste de secrétaire général de l’ONU.

À Marrakech, où il réside temporairement, Macky Sall peaufine son dossier de candidature. Il s’appuie sur un noyau dur de fidèles, parmi lesquels Hamidou Anne, son stratège en communication, et Oumar Demba Ba, son conseiller diplomatique historique. L’ensemble du dispositif s’emploie à valoriser le bilan de l’ancien président, notamment sa présidence de l’Union africaine (2022-2023), marquée par son rôle dans l’admission de l’UA au G20 et ses prises de position équilibrées sur le conflit russo-ukrainien.

Article écrit par : Fatoumata Diop
Mis en ligne : 01/06/2025

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