Amnesty international dépasse les limites : Affaire Bachir Fofana - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Société | Par Eva | Publié le 03/07/2025 04:07:00

Amnesty international dépasse les limites : Affaire Bachir Fofana

Le Directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal, Seydi Gassama, a récemment pris position dans l’affaire du journaliste Bachir Fofana, arrêté pour diffamation, offense au Chef de l’État et diffusion de fausses nouvelles. Il a appelé à la libération immédiate du journaliste et à une réforme législative, dénonçant les lois en vigueur comme contraires aux décisions des juridictions africaines.

Si cette intervention peut sembler guidée par une noble intention, elle soulève une question fondamentale : les organisations non gouvernementales telles qu’Amnesty International ne vont-elles pas trop loin dans leur volonté d’influencer la législation et les décisions judiciaires d’un État souverain ?

Le Sénégal, comme tout pays indépendant, possède ses institutions républicaines, ses lois et sa justice. Ces structures, bien qu’imparfaites, sont le fruit d’un long processus historique, politique et social. La tentation de leur imposer des standards extérieurs sans tenir compte du contexte local est non seulement problématique, mais contre-productive. Dans l’affaire Fofana, le discours d’Amnesty International laisse peu de place à la nuance : il exige, critique, condamne. Or, ce ton péremptoire fragilise le dialogue institutionnel et ignore la complexité de nos réalités nationales.

Seydi Gassama évoque les décisions de la Cour africaine des Droits de l’Homme et de la CEDEAO. Soit. Mais les jugements rendus par ces institutions ne sont pas toujours contraignants pour les États, surtout lorsqu’ils se heurtent à des considérations de souveraineté, de sécurité publique ou de stabilité sociale. L’application systématique de jurisprudences supranationales, souvent élaborées en dehors des réalités locales, revient à nier aux pays africains leur droit à une justice contextualisée et adaptée.

Les ONG comme Amnesty International se positionnent souvent en donneurs de leçons, en oubliant que leur compréhension des dynamiques internes est souvent limitée. Elles négligent les sensibilités culturelles, les enjeux politiques internes, et les défis sécuritaires auxquels font face les autorités. En réclamant des réformes législatives « immédiates » ou en dénonçant sans ménagement des institutions nationales, elles s’exposent à devenir des instruments de pression plutôt que des partenaires de progrès.

D’autres pays, même en Occident, limitent ou réglementent sévèrement certaines formes d’expression dès lors qu’elles menacent l’ordre public ou la sécurité nationale. La France, par exemple, punit l’outrage au chef de l’État et la diffusion de fausses nouvelles par des sanctions pénales. Pourquoi le Sénégal devrait-il être sommé de faire autrement, comme si nos institutions n’étaient pas dignes de confiance ?

L’État sénégalais doit rester maître de ses choix législatifs et judiciaires. Les pressions extérieures, aussi bien intentionnées soient-elles, ne doivent pas compromettre sa souveraineté. L’ingérence des ONG dans des affaires strictement nationales est une dérive préoccupante. Il faut rappeler que si la critique est légitime, elle doit s’accompagner d’humilité, de respect et d’un effort sincère de compréhension.

Le Sénégal a la capacité de se réformer, certes, mais à son rythme, en tenant compte de ses propres priorités. Défendre les droits humains ne doit pas rimer avec l’imposition d’une vision étrangère du droit. Nous devons affirmer notre souveraineté avec fermeté et discernement.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Sira Lassana.
Mis en ligne : 03/07/2025

La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.


Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Copyright © 2023 www.notrecontinent.com

To Top