Les échecs successifs du Sénégal dans la course à des postes clés au sein des organisations africaines, notamment la défaite d’Amadou Hott pour la présidence de la Banque Africaine de Développement (BAD) et la défaite de Bassirou Diomaye Faye pour la Commission de la CEDEAO, sont mis en lumière. Ces revers soulèvent des questions sur le déclin du leadership diplomatique du Sénégal sur la scène africaine.
Le Sénégal a longtemps été considéré comme un modèle de démocratie et de stabilité en Afrique de l’Ouest. Avec Dakar abritant 81 ambassades, le pays a joué un rôle central dans les affaires régionales et internationales. Cependant, ces échecs récents suggèrent une perte d’influence et de leadership.
Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf, et même plus récemment Macky Sall, avaient su porter haut le flambeau diplomatique du pays. Aujourd’hui, l’image est bien différente : le Sénégal ne parvient plus à imposer ses figures, ni à orienter les grands débats régionaux.
Les échecs successifs du Sénégal à des postes clés au sein des organisations africaines ne sont pas des incidents isolés, mais plutôt le symptôme d’un problème plus profond. Le pays a connu une série de revers diplomatiques, notamment l’échec du candidat sénégalais au poste de directeur de la région Afrique de l’OMS en août 2024, attribué à un Tanzanien, et celui d’Abdoulaye Bathily en 2017, qui n’avait pas réussi à décrocher la présidence de la Commission de l’Union africaine. Ces échecs soulèvent des questions sur la stratégie diplomatique du Sénégal et sa capacité à maintenir ses alliances régionales.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce déclin. Tout d’abord, il semble y avoir un lobbying insuffisant de la part des nouvelles autorités sénégalaises. Comme le souligne un analyste, « Si le Sénégal a ouvertement soutenu son candidat, il n’a peut-être pas assez battu campagne », notamment auprès de pays influents comme le Nigeria, l’Égypte ou encore la Côte d’Ivoire. Cette insuffisance de lobbying est d’autant plus préoccupante que d’autres pays, comme la Mauritanie, ont su mener des stratégies offensives et efficaces pour obtenir des soutiens clés.
Ensuite, le Sénégal paie le prix d’un entre-deux diplomatique. Avec une position nouvelle revendiquée sur le CFA, la CEDEAO et l’Alliance des États du Sahel (AES), « il a peut-être brouillé les alliances régionales habituelles ». Ces changements de position ont pu aliéner certains alliés traditionnels et affaiblir la position du Sénégal sur la scène internationale.
Enfin, la Mauritanie offre un exemple frappant de réussite diplomatique là où le Sénégal a échoué. La Mauritanie a su décrocher l’appui de l’Arabie Saoudite, mais aussi de pays traditionnellement proches du Sénégal, comme le Bénin, le Togo et surtout celui de la Côte d’Ivoire. Cette stratégie offensive et efficace contraste fortement avec l’approche du Sénégal, qui semble manquer de cohérence et de détermination.
Pour mieux comprendre ce déclin, il est utile de comparer le Sénégal avec d’autres nations africaines qui ont su maintenir ou renforcer leur influence diplomatique. Par exemple, le Maroc a su diversifier ses alliances et renforcer ses relations diplomatiques avec plusieurs pays, malgré les tensions régionales. De même, l’Éthiopie a su jouer un rôle clé dans les affaires africaines, notamment grâce à son engagement dans les missions de paix et sa participation active aux organisations régionales.
Le déclin du leadership diplomatique du Sénégal en Afrique est une réalité préoccupante. Les échecs successifs à des postes clés au sein des organisations africaines, combinés à une stratégie diplomatique incohérente et à un lobbying insuffisant, ont affaibli la position du pays sur la scène internationale. Il est urgent pour le Sénégal de réévaluer sa stratégie diplomatique et de renforcer ses alliances régionales pour retrouver sa place de leader en Afrique.
Les autorités sénégalaises doivent prendre des mesures concrètes pour redresser la situation. Cela passe par une révision profonde de la stratégie diplomatique du pays, un renforcement des alliances régionales et un lobbying plus efficace auprès des pays influents. Le Sénégal doit retrouver sa voix et son leadership sur la scène africaine, pour le bien du pays et de la région dans son ensemble.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mbaye Ndiaye
Mis en ligne : 26/06/2025
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