Lors de sa visite à Abuja le 21 juin 2025, le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye a rencontré la communauté sénégalaise vivant au Nigéria. Comme à l’accoutumée, il a multiplié les engagements en faveur des Sénégalais de l’extérieur, évoquant le financement des projets, le renouvellement des documents administratifs, ou encore l’ouverture d’un bureau consulaire à Lagos.
Mais au-delà de la posture protocolaire, ces promesses pour la diaspora semblent surtout relever d’une stratégie communicationnelle plus que d’une volonté d’action concrète.
La diaspora sénégalaise représente un pilier économique majeur, avec des transferts financiers dépassant les 1 500 milliards de FCFA par an. Elle attend depuis longtemps une reconnaissance institutionnelle à la hauteur de son apport. Pourtant, d’un président à l’autre, les promesses pour la diaspora se suivent et se ressemblent, sans qu’aucune avancée significative n’émerge.
Le discours tenu à Abuja ne déroge pas à cette logique : des annonces vagues, des intentions floues et aucune feuille de route précise. Diomaye Faye a réitéré son souhait de créer une « Journée nationale de la diaspora », mais ce type de geste symbolique reste loin des besoins concrets exprimés par les Sénégalais de l’étranger. Les véritables attentes « services consulaires efficaces, accès au foncier sécurisé, accompagnement réel à l’investissement » demeurent ignorées ou repoussées à plus tard.
Les promesses pour la diaspora, telles qu’énoncées à Abuja, manquent de clarté, de calendrier et surtout de mécanismes de suivi. Il est difficile, voire impossible, de mesurer leur exécution, tant les engagements pris dans le passé n’ont jamais été évalués ni actualisés.
Les promesses pour la diaspora doivent être considérées à l’aune de la crédibilité gouvernementale. À force de les multiplier sans les tenir, les autorités sénégalaises fragilisent leur lien avec les expatriés. Le cas du bureau consulaire à Lagos, demandé depuis des années, en est une illustration frappante : régulièrement annoncé, il n’a toujours pas vu le jour.
Par ailleurs, le manque d’interlocuteurs stables et de dispositifs institutionnels adaptés rend difficile la mise en œuvre d’un dialogue continu avec la diaspora. Là où des pays comme le Maroc ou l’Éthiopie ont structuré un ministère dédié ou un haut conseil de la diaspora, le Sénégal se contente de promesses pour la diaspora, sans véritables structures de coordination.
Le contraste avec d’autres pays africains est saisissant. Le Rwanda, par exemple, mobilise sa diaspora à travers des programmes clairs et mesurables, avec un impact direct sur l’économie nationale. Le Sénégal, lui, reste dans l’incantation.
La répétition des promesses pour la diaspora, sans action tangible, témoigne d’un manque de volonté politique. La visite du président à Abuja, bien que riche en symboles, illustre une fois de plus cette gouvernance du verbe, qui laisse sur leur faim des citoyens pourtant essentiels au développement du pays.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Talla Bodian
Mis en ligne : 29/06/2025
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