C’est une affaire qui glace le sang et qui, pourtant, révèle une négligence institutionnelle bien trop banalisée. Le scandale à la Médina, quartier populaire de Dakar, où plusieurs jeunes ont été arrêtés pour détention de chats tués destinés à la consommation humaine, a semé l’indignation sur les réseaux sociaux. Et à juste titre. Car au-delà du choc moral, cette affaire met en lumière le laxisme des autorités locales face à un enjeu sanitaire majeur.
Le quartier de la Médina, comme tant d’autres zones à forte densité urbaine, est un lieu de brassage culturel et de survie économique. Mais il est aussi un théâtre quotidien d’anarchie alimentaire.
Des marchés improvisés, des boucheries sans contrôle vétérinaire, des produits vendus à même le sol : voilà le décor d’un système alimentaire abandonné à lui-même. L’affaire des chats consommés ne doit donc pas être lue comme une simple anecdote sordide, mais comme le symptôme d’un laisser-faire criminel.
Les autorités sanitaires et municipales portent une responsabilité écrasante dans ce scandale à la Médina. Où sont passés les contrôles vétérinaires ? Où est la traçabilité de la viande qui circule dans nos marchés ? Ce n’est un secret pour personne que certaines boucheries n’affichent aucune conformité, et pourtant elles continuent d’opérer en toute impunité. Cette situation n’est malheureusement pas nouvelle. Depuis des années, des rumeurs évoquent la consommation de viande de chien ou d’autres animaux non déclarés. Mais aujourd’hui, ce ne sont plus des murmures : ce sont des faits avérés.
La consommation de viande de chat, non seulement illégale et culturellement inacceptable, représente également un risque pour la santé. Les chats errants, souvent porteurs de parasites et de maladies zoonotiques comme la toxoplasmose ou la rage, ne sont soumis à aucun contrôle vétérinaire. En autorisant, par sa passivité, la circulation de cette viande sur les étals, l’État met en danger la vie de millions de citoyens. Dans un pays où les structures de santé sont déjà saturées, un scandale sanitaire serait catastrophique.
En Chine, la consommation de viande de chien et de chat a suscité une telle indignation nationale et internationale qu’un certain nombre de villes ont fini par l’interdire, notamment après des scandales sanitaires. Dans plusieurs pays africains, des politiques rigoureuses de traçabilité de la viande ont été mises en place, notamment au Rwanda et au Botswana, où chaque animal abattu pour la consommation est dûment inspecté. Pourquoi le Sénégal continue-t-il de fermer les yeux ?
Les autorités sénégalaises doivent prendre leurs responsabilités. Nous exigeons une réglementation stricte de la chaîne d’approvisionnement de la viande, des contrôles réguliers, des sanctions sévères pour les contrevenants, et une campagne de sensibilisation nationale sur les risques liés à la consommation de viande non inspectée. Le droit à une alimentation saine et sécurisée n’est pas un luxe, c’est un droit fondamental.
Face à une telle menace, le silence est une complicité. Que chaque citoyen exige des comptes. Que les associations de consommateurs se lèvent. Que les journalistes poursuivent leurs enquêtes. Et surtout, que les autorités cessent d’attendre le pire pour réagir. Car demain, ce scandale pourrait se transformer en épidémie. Et cette fois, il sera trop tard.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Lamine Sall.
Mis en ligne : 30/06/2025
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