Le 27 juin 2025, en déplacement officiel en Chine, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko s’est félicité des « avancées » obtenues à l’issue de ses rencontres avec les autorités chinoises. Il a notamment salué l’engagement de la Chine à accompagner la mise en œuvre de la Vision Sénégal 2050. Mais derrière ces sourires diplomatiques et ce satisfecit officiel se cache une vérité bien moins reluisante. Je refuse de céder à l’enthousiasme béat et d’accepter sans question ces accords qui, trop souvent, se traduisent par une dépendance accrue et une perte de souveraineté économique.
Depuis les années 2000, la Chine multiplie ses investissements en Afrique. Routes, stades, hôpitaux, infrastructures portuaires : les chantiers estampillés « coopération sino-africaine » se multiplient. Mais à quel prix ? Derrière ces apparentes largesses se cachent des intérêts géostratégiques bien définis : accès aux matières premières, ouverture de nouveaux marchés pour des entreprises chinoises, mainmise sur des secteurs stratégiques comme l’énergie ou les télécommunications.
Le Sénégal n’échappe pas à cette logique. Les projets estampillés « partenariat gagnant-gagnant » ont souvent un goût amer. Construction d’infrastructures par des entreprises chinoises, avec du matériel chinois, par une main-d’œuvre majoritairement chinoise. Résultat : très peu de transfert de compétences, aucun développement industriel national, et une dette publique qui explose.
Le programme Vision Sénégal 2050, censé poser les bases d’un développement durable et souverain, ne peut s’appuyer sur des partenariats qui nous maintiennent dans un rôle de sous-traitants. Quels sont les projets portés par la Chine qui ont réellement contribué à renforcer notre tissu productif local ? Où sont les entreprises sénégalaises dans la chaîne de valeur ? La Chine investit, certes, mais elle contrôle. Elle « aide », mais elle dicte ses conditions.
Les grandes puissances ne font jamais de philanthropie. Et la Chine ne fait pas exception. Elle voit en l’Afrique un terrain d’expansion stratégique. Ses investissements ne servent pas d’abord nos intérêts, mais les siens.
Le Sri Lanka en est un exemple flagrant. Incapable de rembourser ses dettes, le pays a dû céder le port stratégique de Hambantota à une entreprise publique chinoise pour 99 ans. Cette logique de « piège de la dette » menace aujourd’hui plusieurs pays africains. Pourquoi le Sénégal devrait-il prendre le même chemin ?
Même dans des pays comme la Zambie ou l’Éthiopie, les populations commencent à s’interroger sur la dépendance excessive vis-à-vis de la Chine. Chez nous, le débat est trop souvent étouffé par une propagande politique qui célèbre sans esprit critique la moindre signature d’accord.
Il ne s’agit pas de rejeter toute coopération internationale. Mais la naïveté stratégique face à la Chine est une erreur historique. Les partenariats déséquilibrés hypothèquent notre avenir. Le gouvernement Sonko-Faye ne peut pas revêtir les habits de la rupture tout en poursuivant des logiques néocoloniales déguisées. La souveraineté économique passe par une vraie autonomie stratégique, pas par une dépendance masquée aux ambitions de la Chine.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Nelson Ba.
Mis en ligne : 30/06/2025
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