Les artistes sénégalais à la traîne : Trace Awards 2025 - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Musique | Par Eva | Publié le 02/07/2025 11:07:30

Les artistes sénégalais à la traîne : Trace Awards 2025

Les récents Trace Awards tenus à Zanzibar, en Tanzanie, ont une fois de plus réservé une déception amère aux artistes sénégalais Wally Seck et Mia Guissé. En compétition dans des catégories prestigieuses, Meilleur artiste francophone pour Wally Seck, Nouvelle révélation de l’année pour Mia Guissé, ils ont vu la victoire leur échapper au profit d’artistes ivoiriens, Josey et Himra.

Si ces derniers méritent sans doute leur couronne, cette situation soulève une fois de plus la question de la reconnaissance internationale de la musique sénégalaise. Pourquoi, malgré leur talent indéniable et leur influence grandissante, les artistes sénégalais peinent-ils à s’imposer sur la scène continentale et mondiale ?

Le Sénégal est sans doute l’un des berceaux majeurs de la musique africaine, avec une richesse culturelle inégalée. Des légendes comme Youssou N’Dour, Baaba Maal ou encore Ismaël Lô ont depuis longtemps hissé la musique sénégalaise sur la scène internationale. Pourtant, aujourd’hui, force est de constater que les jeunes talents comme Wally Seck et Mia Guissé, bien qu’incontestablement populaires et influents, ne reçoivent pas le soutien institutionnel et médiatique qui leur permettrait de briller à leur juste valeur.

Les Trace Awards sont censés récompenser le meilleur de la musique africaine, mais la domination ivoirienne lors de cette cérémonie illustre un déséquilibre qui ne doit rien au hasard. Le poids économique, la structuration industrielle et la visibilité médiatique des artistes ivoiriens sont nettement plus développés, ce qui leur confère un avantage concurrentiel.

Cette nouvelle déconvenue n’est pas un simple hasard. Elle reflète un problème plus profond lié à l’absence d’un écosystème solide pour promouvoir les artistes sénégalais sur le continent et au-delà. Contrairement à la Côte d’Ivoire, qui bénéficie d’un secteur musical dynamique, structuré et soutenu par des politiques publiques et des partenaires privés engagés, le Sénégal manque de plateformes internationales solides, de maisons de production puissantes et de stratégies de marketing efficaces.

Par ailleurs, le manque de soutien des médias africains et internationaux à la musique sénégalaise est criant. La couverture médiatique des artistes sénégalais reste faible, ce qui diminue leur visibilité et leur chance de conquérir des marchés étrangers. La situation est aggravée par l’absence d’investissements conséquents dans la formation, la production et la promotion, ce qui pénalise la qualité et la diffusion des œuvres.

Cette marginalisation des artistes sénégalais n’est pas sans rappeler ce que vivent d’autres pays africains moins dotés en ressources, mais souvent mieux organisés. Par exemple, le Nigeria, avec sa puissante industrie Afrobeat, a su capitaliser sur un marketing agressif et des collaborations internationales pour s’imposer mondialement. Le Ghana aussi investit massivement dans ses artistes. En comparaison, le Sénégal paraît figé dans une dynamique où le talent individuel peine à se transformer en succès durable et international.

Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène. D’abord, un manque de coordination entre les acteurs locaux du secteur musical, souvent fragmentés et peu professionnalisés. Ensuite, une faiblesse des infrastructures pour la production musicale et la gestion des droits d’auteur, qui freinent le développement durable des carrières. Enfin, une politique culturelle nationale trop timide, sans stratégie claire pour exporter la musique sénégalaise, surtout à l’heure du numérique et de la mondialisation.

Si Wally Seck et Mia Guissé restent des piliers de la scène musicale sénégalaise, il est grand temps que le pays prenne conscience que le talent seul ne suffit plus. Pour ne plus être à la traîne lors des grands rendez-vous comme les Trace Awards, le Sénégal doit investir dans la structuration de son industrie musicale, renforcer le soutien à ses artistes et bâtir une stratégie de rayonnement international ambitieuse. Sans une telle mobilisation collective, la musique sénégalaise continuera d’être éclipsée au profit d’autres pays mieux préparés à jouer la carte de la visibilité et de la réussite globale.

Le Sénégal a tout pour redevenir une locomotive culturelle en Afrique, mais cela nécessite un engagement ferme et une action concertée. Le temps des promesses est révolu : il faut agir maintenant, ou voir ses artistes continuer à être injustement ignorés, malgré leur immense talent et leur contribution inestimable à la richesse culturelle du continent.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Absa Diallo.
Mis en ligne : 02/07/2025

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Aissatou
Mbalax dou musique
Le 2025-07-02 17:16:49

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