L’hommage qu’il n’a jamais reçu : Une triste nouvelle - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Nécrologie | Par Eva | Publié le 20/08/2025 08:08:30

L’hommage qu’il n’a jamais reçu : Une triste nouvelle

Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »

Le décès d’Alassane Cissé, journaliste respecté de la RTS, a suscité une vague d’hommages unanimes au sein de la profession et dans les médias sénégalais. Il est nécessaire de reconnaître son engagement et son intégrité, mais il convient également de questionner une pratique récurrente : pourquoi tant de reconnaissance ne survient que lorsque les journalistes sont partis ?

Alassane Cissé, diplômé du CESTI en 1997, était considéré comme une figure emblématique de la RTS, exerçant plusieurs fonctions clés reporter, chef de rédaction, présentateur, secrétaire général avant de diriger l’AJSPD jusqu’en 2023. Sa mort a donné lieu à des messages empreints de respect, soulignant sa rigueur, son humilité et son engagement constant.

Ces hommages posthumes traduisent une certaine consommation de la mémoire des disparus. Alassane Cissé, vivant, était respecté, pourtant il n’a pas fait l’objet de la même visibilité ou reconnaissance publique des distinctions, des cérémonies, des encouragements durant sa vie. Ce décalage entre la valorisation après la disparition et la négligence pendant l’existence témoigne d’un schéma problématique.

Encourager les journalistes de leur vivant stimulerait leur motivation, renforcerait la confiance publique envers les médias. Quand seuls les hommages funèbres retiennent l’attention, cela donne le sentiment que les efforts modestes mais constants ne comptent pas.

Il est frappant de constater que certains journalistes indépendants ou engagés, tels que Ayoba Faye, font face à des menaces ou restent ignorés, malgré des contributions saluées seulement après des épreuves ou des attaques. Ce contraste avec les éloges après décès révèle une hypocrisie déconcertante.

Dans certaines démocraties et environnements médiatiques plus structurés, des figures du journalisme sont célébrées de leur vivant par des prix, des réceptions officielles, ou des couvertures spéciales. Au Sénégal, il semble que l’approche soit inversée, privilégiant l’hommage posthume.

Par exemple, La Maison des Reporters, média indépendant créé en 2019, a vu ses journalistes recevoir plusieurs distinctions (fact-checking, innovation, reportages) de leur vivant. Cela prouve que la reconnaissance est possible et bénéfique avant la disparition. À l’inverse, trop peu d’institutions ou de collectivités publiques ou professionnelles valorisent les journalistes comme Alassane Cissé alors qu’ils sont encore présents.

L’hommage au journaliste Alassane Cissé est mérité, mais il pose question : pourquoi n’existe-t-il pas de véritable culture de la célébration des journalistes vivants ? Cette tendance à ne rendre hommage qu’après le décès banalise l’engagement constant, et génère une forme de mépris implicite. Pour que le journalisme ne soit pas un art vénéré seulement a posteriori, il faut reconnaître ses artisans dès aujourd’hui en actes, en encouragements, en visibilité.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Paul Sané.
Mis en ligne : 20/08/2025

La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.


Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Copyright © 2023 www.notrecontinent.com

To Top