Des lettres sans réponse : Le ministère ignore les artistes - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Art & Culture | Par Eva | Publié le 24/08/2025 01:08:54

Des lettres sans réponse : Le ministère ignore les artistes

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L’actrice et comédienne Ndeye Mour, ancienne vedette de la mythique série Daaray Kocc, n’a pas caché sa colère envers le ministère de la Culture. Invitée récemment sur les ondes, elle a exprimé un sentiment de frustration partagé par de nombreux artistes comédiens au Sénégal : la marginalisation persistante et le manque de considération. « Nous sommes toujours obligés de courir derrière nos ministres de tutelle », a-t-elle affirmé, illustrant une réalité que beaucoup de ses collègues vivent au quotidien.

Ce cri du cœur n’est pas isolé. Il révèle une problématique structurelle dans le monde de la culture sénégalaise : les artistes comédiens, qui contribuent de manière significative à l’identité culturelle et à la mémoire collective du pays, peinent à obtenir reconnaissance et soutien institutionnel.

Les lettres adressées au ministère pour demander un accompagnement ou des réponses concrètes restent trop souvent sans suite. Cette situation reflète un sentiment d’abandon et un manque de respect pour des professionnels qui donnent vie à la culture sénégalaise.

L’héritage culturel du pays est en danger. Des séries comme Daaray Kocc ont marqué des générations et forgé une identité culturelle forte, pourtant leurs acteurs peinent à vivre de leur art. Le Sénégal, malgré son riche patrimoine et sa célébration officielle de la culture, ne met pas en place de structures de soutien efficaces. Les comédiens manquent de statuts protecteurs, de retraites, de formations professionnelles et de soutiens financiers, ce qui rend leur situation précaire et fragilise la scène culturelle dans son ensemble. Sans mesures concrètes, les talents risquent de se tourner vers d’autres horizons ou d’abandonner leur vocation, laissant un vide difficile à combler.

Comparativement, d’autres pays africains comme le Nigeria ont su capitaliser sur leurs industries culturelles. Nollywood, par exemple, offre à ses comédiens un cadre plus structuré et des opportunités économiques réelles, contribuant à la professionnalisation du métier et à la valorisation des talents. Au Sénégal, en revanche, l’absence de protections sociales et de mécanismes de soutien constitue un frein au développement artistique et économique de ce secteur.

Il est important de souligner l’écart entre le discours officiel et la réalité vécue par les artistes. Le pays se flatte de valoriser sa culture, mais les actions concrètes pour protéger et soutenir ceux qui la font vivre restent insuffisantes. L’adoption de lois ou de statuts spécifiques ne suffit pas si leur mise en œuvre reste lente et partielle. La reconnaissance doit se traduire par des mesures effectives : soutien financier, protection sociale, accès à la formation et valorisation des carrières artistiques.

Face à cette situation, il faut que les autorités prennent des mesures concrètes. Les artistes comédiens méritent d’être considérés comme des acteurs essentiels de la société et non comme des figurants marginalisés. Soutenir ces talents, c’est préserver l’héritage culturel, favoriser la créativité et permettre à la culture sénégalaise de continuer à rayonner au-delà de ses frontières.

Ignorer ces artistes revient à compromettre l’avenir d’une richesse collective qui a façonné l’identité du Sénégal. Il est temps de passer des déclarations aux actes et de reconnaître enfin la valeur de ceux qui font vivre la culture nationale. Les comédiens, par leur travail, offrent bien plus qu’un simple divertissement : ils racontent l’histoire, la mémoire et l’âme d’un peuple. Les laisser dans l’oubli serait un désaveu pour tout le pays.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Aissatou Ba.
Mis en ligne : 23/08/2025

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