Le scandale Kocc Barma s’intensifie : Où étaient les contrôles ? - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Fait divers | Par Eva | Publié le 24/08/2025 09:08:15

Le scandale Kocc Barma s’intensifie : Où étaient les contrôles ?

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L’affaire Kocc Barma, du nom d’El Hadji Babacar Dioum, alias « Kocc », connaît un nouveau tournant avec l’ouverture de trois procédures supplémentaires, sur instruction du parquet de Dakar. Déjà inculpé pour association de malfaiteurs, stockage et diffusion de contenus pornographiques, extorsion, chantage, blanchiment de capitaux et falsification de documents, l’homme voit son dossier s’alourdir de nouvelles accusations, notamment pour pornographie infantile et collecte illicite de données personnelles.

Si l’arrestation de Kocc Barma et de son complice présumé, El Hadji Assane Demba (« Leuk Daour »), marque une avancée, elle révèle surtout l’ampleur d’un système criminel qui a pu prospérer dans l’indifférence générale.

Depuis 2018, plus de 5 000 victimes ont porté plainte contre Kocc Barma, accusé d’avoir orchestré l’un des plus vastes réseaux de chantage numérique au Sénégal. Les méthodes sont toujours les mêmes : diffusion de contenus intimes sans consentement, extorsion de fonds, et, dans les cas les plus graves, exploitation de mineurs à des fins pornographiques. Les victimes, souvent des femmes et des jeunes filles, se voient piégées, humiliées, parfois poussées au désespoir. Pourtant, malgré l’ampleur des faits, il aura fallu des années pour que la justice s’empare vraiment du dossier. Les nouvelles plaintes, déposées par des victimes comme F. Yade, E.A. Cissé ou S.D. Diop, confirment que le réseau était structuré, méthodique, et qu’il a pu agir en toute impunité, profitant des failles de la législation et de la lenteur des procédures judiciaires.

Le Code pénal sénégalais prévoit des peines sévères pour les délits reprochés à Kocc Barma : jusqu’à 20 ans de prison pour association de malfaiteurs, 10 ans pour pédopornographie, et des amendes pouvant atteindre 10 millions de francs CFA pour diffusion d’images contraires aux bonnes mœurs. En théorie, la peine cumulative pourrait dépasser les vingt années de réclusion. Pourtant, la réalité est tout autre. Les victimes, souvent stigmatisées, hésitent à porter plainte par crainte du scandale ou par méconnaissance de leurs droits. Les complices, eux, restent dans l’ombre, protégés par l’anonymat des serveurs offshores et des VPN. Pire, les peines prononcées sont rarement à la hauteur des crimes commis. Dans d’autres juridictions, de tels actes seraient qualifiés de crimes et passibles de perpétuité.

L’affaire Kocc Barma n’est pas un cas isolé. En Afrique de l’Ouest, comme ailleurs, l’exploitation sexuelle des mineurs et la sextorsion sont des fléaux en expansion. Selon l’UNICEF, deux millions d’enfants sont victimes chaque année de prostitution ou de pornographie. Les prédateurs, comme Kocc Barma, utilisent les réseaux sociaux et les outils numériques pour piéger leurs proies, profitant de l’absence de cadre juridique adapté et de la faiblesse des moyens alloués à la cybersécurité. Les autorités, malgré quelques avancées, peinent à endiguer le phénomène. La Division spéciale de cybersécurité (DSC) a mis des années à démanteler ce réseau, et les complices identifiés ne sont qu’une infime partie d’un système bien plus vaste.

La confrontation prévue entre Kocc Barma et Leuk Daour devant le doyen des juges est un moment clé, mais elle ne doit pas servir de paravent. Où étaient les contrôles ? Pourquoi les plateformes numériques n’ont-elles pas agi plus tôt ? Comment expliquer que des milliers de victimes aient dû attendre si longtemps pour être entendues ? Ces questions soulignent l’urgence d’une prise de conscience collective et d’une réforme en profondeur du système judiciaire et policier.

L’affaire Kocc Barma doit servir de déclic. Il ne s’agit pas seulement de condamner un homme, mais de protéger les victimes, de renforcer les lois, et de donner aux autorités les moyens de lutter efficacement contre ces crimes. La pédopornographie et l’extorsion ne sont pas des délits mineurs : ce sont des violences qui brisent des vies. La société sénégalaise, et au-delà, l’Afrique toute entière, doit prendre la mesure de ce fléau et agir avec la fermeté requise. Les victimes méritent justice, et les prédateurs doivent savoir qu’ils ne pourront plus agir en toute impunité.

La justice doit être exemplaire, mais elle doit aussi être rapide et protectrice. Sinon, d’autres Kocc Barma continueront de sévir, et d’autres vies seront détruites. L’heure n’est plus à l’indignation passive, mais à l’action.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Laye Ndoye.
Mis en ligne : 24/08/2025

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