Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »
Le décès de l’ancienne députée Fanta Sall, survenu le 20 août 2025, a profondément ému le Sénégal. Les hommages unanimes, portés notamment par le président de l’Assemblée nationale, El Malick Ndiaye, révèlent l’empreinte indélébile laissée par son engagement politique. Son parcours, marqué par une fidélité sans faille à Koungheul et à ses électeurs, incarne un modèle de proximité et de dévouement rare. Son attachement indéfectible à sa circonscription et son rôle clé dans la représentation des territoires ruraux au Parlement en font une figure inspirante, dont l’héritage doit éclairer les générations futures, en particulier les femmes engagées en politique.
Son histoire rappelle avec force que la politique, quand elle est vécue comme un service public, peut transformer des vies et donner une voix aux oubliés.
Fanta Sall a marqué la scène politique sénégalaise par son engagement constant en faveur de Koungheul, une ville souvent reléguée au second plan dans les débats nationaux. Élue députée à la 13ᵉ et à la 14ᵉ législature sous la bannière de la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY), elle a su donner une voix aux préoccupations locales, transformant les défis de sa circonscription en priorités parlementaires. Son action s’inscrit dans un contexte où les territoires ruraux, bien que centraux dans l’équilibre du pays, peinent à se faire entendre dans les instances décisionnelles. Les femmes politiques, en particulier, y rencontrent des obstacles supplémentaires, entre stéréotypes, manque de ressources et sous-représentation dans les postes exécutifs.
Fanta Sall n’était pas une députée comme les autres. Surnommée « la députée qui ne s’assoit jamais » ou encore « Fanta sociale Sall » pour ses œuvres communautaires, elle a incarné une politique de proximité, toujours à l’écoute des populations les plus vulnérables. Elle a notamment créé la « Coupe Honorable Fanta Sall » pour soutenir le sport local, et financé des aides directes aux foyers démunis, prélevant parfois sur ses propres ressources. Son engagement ne se limitait pas aux discours : elle était présente sur le terrain, défendant avec conviction les intérêts de Koungheul, même face aux actes de sabotage au sein de son propre camp politique.
Son parcours illustre aussi les défis spécifiques aux femmes en politique, surtout dans les zones rurales. Malgré la loi sur la parité adoptée en 2010, qui a permis une meilleure représentation féminine à l’Assemblée nationale, les femmes restent sous-représentées dans les postes décisionnels et doivent souvent surmonter des freins culturels et structurels. Fanta Sall a brisé ces barrières, prouvant qu’une femme issue d’un territoire rural pouvait s’imposer comme une figure majeure du débat parlementaire.
Fanta Sall a toujours placé ses électeurs au cœur de son action. Ses initiatives locales (soutien aux familles, promotion du sport, aide aux jeunes) ont renforcé la confiance entre les citoyens et leurs représentants, un lien trop souvent distendu.
En portant les préoccupations de Koungheul à l’Assemblée nationale, elle a contribué à réduire le fossé entre Dakar et les régions, rappelant que le développement du Sénégal passe par l’inclusion de tous ses territoires.
Son succès montre que l’engagement, la détermination et la fidélité à ses principes peuvent ouvrir des portes, même dans un environnement politique dominé par les hommes. Elle a ainsi tracé une voie pour les jeunes femmes aspirant à une carrière politique, surtout dans les zones rurales.
Les hommages rendus par des collègues de tous bords politiques, ainsi que par des citoyens, témoignent de son respect et de son influence. Même ses adversaires saluent sa gentillesse, son intégrité et son dévouement.
Dans d’autres contextes, comme en France, les femmes élues en milieu rural doivent aussi surmonter des obstacles similaires (autocensure, manque de modèles, difficultés de conciliation vie privée/vie publique). Pourtant, des exemples comme celui de Fanta Sall prouvent que, malgré ces défis, un engagement authentique et une présence constante sur le terrain permettent de faire la différence. Son parcours rappelle celui de pionnières comme Caroline Faye Diop, première députée sénégalaise, qui avait déjà porté haut les couleurs des femmes en politique.
Fanta Sall laisse derrière elle un vide, mais aussi un héritage précieux : celui d’une politique humaine, proche des citoyens, et résolument tournée vers l’action. Son exemple doit encourager les jeunes, et surtout les jeunes femmes, à s’engager pour leurs communautés, sans craindre les obstacles. En honorant sa mémoire, le Sénégal doit aussi s’engager à renforcer la place des femmes et des territoires ruraux dans la vie politique, pour une démocratie plus inclusive et représentative.
Comme l’a souligné un collègue député : « Elle était une femme de principes, fidèle à son engagement au service de Koungheul ». Puissent ces valeurs continuer à guider ceux qui, demain, prendront le relais. Que la terre lui soit légère.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Eve Sagna.
Mis en ligne : 28/08/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.
