Le courage « rare » de Me Abdoulaye Babou : Une leçon pour l’Afrique - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Nécrologie | Par Eva | Publié le 07/09/2025 06:09:36

Le courage « rare » de Me Abdoulaye Babou : Une leçon pour l’Afrique

Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »

La disparition de Me Abdoulaye Babou, avocat émérite et figure politique sénégalaise, décédé ce mardi 26 août 2025 des suites d’une courte maladie, a plongé le pays dans l’émotion. Les hommages unanimes rendus à cet homme de loi et de conviction rappellent non seulement son engagement pour la justice et la démocratie, mais aussi un geste rare dans le paysage politique africain : sa retraite volontaire en 2018. À contre-courant des pratiques de longévité à tout prix, Me Babou a choisi de se retirer de la scène politique, laissant derrière lui un héritage de lucidité et d’humilité.

Me Abdoulaye Babou a marqué le barreau sénégalais par son sérieux, son engagement pour la justice et sa défense de causes emblématiques. Ancien député, membre de l’Alliance des forces de progrès (AFP) puis du Parti démocratique sénégalais (PDS), il a créé en 2012 son propre parti, l’Alliance pour l’alternance (ALAL), avant d’annoncer sa retraite politique en 2018. Fidèle disciple de la confrérie mouride, il a toujours allié rigueur professionnelle et fidélité à ses valeurs spirituelles. Son retrait, intervenu après des décennies de service public, a surpris et inspiré, dans un contexte où les responsables politiques peinent souvent à quitter le devant de la scène.

Contrairement à une classe politique souvent accusée de s’accrocher au pouvoir, Me Babou a choisi de tourner la page, expliquant que le service public ne devait pas être une fin en soi, mais un engagement au service du bien commun. Son retrait n’a pas signifié un désengagement total : il a continué à soutenir des causes justes, comme en témoigne son appui à la candidature de Samuel Sarr en 2019, tout en restant à l’écart des luttes partisanes. Ce geste révèle une vision profonde du service public : savoir partir à temps, c’est aussi savoir servir avec dignité.

Sa décision contraste avec les pratiques courantes, où la retraite politique est souvent subie ou reportée indéfiniment. En Afrique comme ailleurs, les exemples de retraites volontaires sont rares, et ceux qui osent franchir le pas sont souvent salués pour leur intégrité. Me Babou a ainsi renforcé son aura, prouvant que la légitimité ne se mesure pas à la longévité, mais à la qualité de l’engagement et à la cohérence des actes.

Me Babou a compris que le renouvellement est essentiel à la vitalité démocratique. En quittant la scène, il a ouvert la voie à de nouvelles générations, tout en restant une référence morale. Dans un continent où les transitions politiques sont parfois tumultueuses, son retrait volontaire rappelle que le pouvoir est éphémère et que la vraie grandeur réside dans la capacité à transmettre. Son retrait n’a pas diminué son influence. Au contraire, il a consolidé son image d’homme de principe, respecté bien au-delà des clivages partisans.

Dans le monde, les retraites politiques volontaires sont souvent perçues comme des actes de maturité. En Afrique, où les transitions sont parfois difficiles, des figures comme Nelson Mandela ont montré que savoir partir était un signe de force. Me Babou s’inscrit dans cette lignée, prouvant que la retraite peut être un choix positif, porteur de sens pour la collectivité.

Me Abdoulaye Babou nous laisse une leçon précieuse : la retraite politique, quand elle est assumée avec humilité, peut être un acte de résistance contre la tentation du pouvoir perpétuel. Son exemple invite à repenser le rapport au pouvoir et à la responsabilité publique. En ces temps de défiance envers les élites, son parcours rappelle que la vraie noblesse politique réside dans le courage de savoir partir, pour mieux servir.

Son héritage est un appel : et si, demain, d’autres responsables osaient suivre son chemin ? La démocratie sénégalaise, et africaine, n’en sortirait que grandie.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mamadou Diagne.
Mis en ligne : 07/09/2025

La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.


Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Copyright © 2023 www.notrecontinent.com

To Top