L’autisme comme bouc émissaire politique : Une stratégie cynique - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - International | Par Eva | Publié le 03/11/2025 07:11:15

L’autisme comme bouc émissaire politique : Une stratégie cynique

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Un article récent de l’AFP met en lumière la colère montante des personnes autistes aux États-Unis face aux propos de Donald Trump et de son ministre de la Santé, Robert Kennedy Jr. Ces derniers décrivent l’autisme comme une « horreur » ou une « crise » sanitaire, et affirment, contre toute preuve scientifique, que ce trouble serait lié aux vaccins ou au paracétamol. Pourtant, derrière ces déclarations choc se cache une stratégie politique bien plus troublante : l’instrumentalisation d’une minorité vulnérable pour alimenter un discours vaccinosceptique et populiste, au mépris des réalités scientifiques et des conséquences humaines.

L’autisme est un trouble du neurodéveloppement au spectre large, dont les causes sont multifactorielles (génétiques et environnementales), comme le rappelle l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Pourtant, depuis septembre 2025, Trump et Kennedy Jr. multiplient les affirmations infondées, accusant vaccins et paracétamol d’être responsables d’une prétendue « épidémie d’autisme ». Ces déclarations, largement relayées, s’appuient sur des théories déjà démontées par la communauté scientifique, mais qui trouvent un écho dans une frange de l’électorat américain méfiant envers la science et les institutions.

Trump et Kennedy Jr. utilisent l’autisme comme un épouvantail pour alimenter la méfiance envers les vaccins, un thème cher à la base électorale conservatrice et anti-système. En qualifiant l’autisme de « crise », ils créent un climat d’urgence artificielle, détournant l’attention des vrais enjeux : le manque de financement pour l’accompagnement des personnes autistes, la discrimination, et l’accès aux soins. Comme le souligne William Barnett, musicien autiste, ces propos ne font qu’« alimenter la peur chez les parents et stigmatiser les personnes comme lui ». Pire, ils donnent l’impression aux autistes d’être des « pions » dans un jeu politique, réduits à un argument de campagne plutôt qu’à des citoyens à part entière.

Plutôt que de proposer des solutions concrètes (financement des thérapies, inclusion sociale, recherche sur les causes réelles), l’administration Trump préfère brandir des théories complotistes. Cette stratégie n’est pas nouvelle : le populisme a souvent recours à la désignation de boucs émissaires pour masquer ses propres échecs ou éviter de traiter des problèmes complexes. En l’occurrence, l’autisme devient le parfait exutoire, permettant de mobiliser une base électorale en quête de réponses simples à des questions angoissantes.

L’OMS, les CDC, et de nombreuses études internationales ont réaffirmé à plusieurs reprises l’absence de lien entre vaccins, paracétamol et autisme. Pourtant, Trump et Kennedy Jr. persistent, allant jusqu’à promettre des « révélations » sur les causes de l’autisme, comme si la science avait échoué là où eux réussiraient. Cette posture, typique des mouvements anti-science, vise à saper la confiance dans les institutions et à positionner le pouvoir politique comme le seul détenteur de la « vérité ».

Les témoignages de William Barnett, Sebastian Bonvissuto et Maryum Gardner illustrent l’impact dévastateur de ces discours. « On nous traite comme si on ne comptait pas dans la société », dénonce Sebastian Bonvissuto. En associant l’autisme à une « tragédie » ou à une « épidémie », l’administration Trump renforce les préjugés et isole davantage les personnes concernées, déjà confrontées à des défis quotidiens.

En semant le doute sur les vaccins, ces déclarations menacent la santé publique. Les vaccins sauvent des millions de vies chaque année, et les campagnes de désinformation peuvent conduire à une baisse de la couverture vaccinale, avec des conséquences dramatiques (résurgence de maladies évitables, épidémies).

Pour Elizabeth Laugeson, spécialiste de l’autisme, cette rhétorique rappelle un « passé sombre », où l’on cherchait à « guérir » l’autisme plutôt qu’à accompagner les personnes. À une époque où la neurodiversité commence à être reconnue comme une richesse, ces propos font marche arrière, niant la diversité humaine et les progrès réalisés en matière d’inclusion.

L’histoire regorge d’exemples où des minorités ou des groupes vulnérables ont servi de boucs émissaires à des fins politiques : les Juifs pendant la peste noire, les migrants lors des crises économiques, ou encore les personnes âgées pendant la pandémie de Covid-19. Dans chaque cas, la désignation d’un « ennemi » a permis de détourner l’attention des vrais responsabilités et de fédérer un électorat autour d’un discours simpliste et clivant. La stratégie de Trump et Kennedy Jr. s’inscrit dans cette lignée, avec un cynisme assumé.

La rhétorique de Trump et Kennedy Jr. sur l’autisme n’est pas une simple maladresse : c’est une manœuvre politique délibérée, exploitant la peur et l’ignorance pour servir un agenda idéologique. En instrumentalisant une communauté déjà fragile, ils sacrifient le bien-être des personnes autistes sur l’autel du populisme. Face à cette dérive, il faut rappeler les faits, défendre la science, et refuser que des vies humaines servent de monnaie d’échange électoral.

Et si l’autisme n’était qu’un outil de plus dans la boîte à outils populiste de Trump ? La réponse, hélas, semble évidente. Il appartient désormais à la société civile, aux médias et aux institutions de résister à cette manipulation, et de placer l’humain au cœur du débat.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Philippe A.
Mis en ligne : 03/11/2025

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