Les pays de l’Otan, inquiets de l’aide apportée par la Chine à la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine, vont en discuter jeudi avec leurs partenaires d’Asie-Pacifique, avant une rencontre avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Dans une déclaration inhabituelle, les dirigeants de l’Alliance atlantique ont fait part mercredi de leurs « profondes préoccupations » en dénonçant le rôle de la Chine auprès de la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine.
Ce texte est « le message le plus fort jamais adressé par les Alliés concernant la contribution de la Chine à la guerre illégale de la Russie contre l’Ukraine », a affirmé mercredi le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg.
L’Otan accuse la Chine de fournir des équipements à double usage, civil et militaire, à la Russie, comme des microprocesseurs. Tous ces équipements permettent à Moscou de « produire des missiles, des bombes, des avions et des armes », a affirmé M. Stoltenberg.
« Clairement actée »
Et le fait que cette accusation soit désormais « clairement actée » par les pays de l’Otan est « un message très important » envers Pékin, a-t-il souligné.
De son côté, la Chine a dénoncé jeudi un communiqué de l’Otan « empreint d’une mentalité digne de la Guerre froide et d’une rhétorique belliqueuse », selon un communiqué du porte-parole de la mission chinoise auprès de l’Union européenne (UE).
Jeudi, le ministère chinois des Affaires étrangères a lui accusé l’Otan de faire preuve de « préjugés, de dénigrement et de provocation ».
« La rhétorique de l’Otan sur la responsabilité de la Chine en Ukraine est injustifiée et malveillante », a assuré son porte-parole, Lin Jian, lors d’un briefing régulier.
« Nous exhortons l’Otan à réfléchir aux causes profondes de la crise et à ses propres actions, à écouter attentivement la voix juste de la communauté internationale et à prendre des mesures concrètes pour apaiser la situation, au lieu de rejeter la faute sur d’autres ».
Le sujet doit être abordé jeudi lors d’une rencontre entre les 32 dirigeants de l’Otan et leurs homologues du Japon, de la Corée du Sud, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande. Pékin voit dans cette invitation un prétexte de l’Otan pour étendre son influence en Asie.
La Chine, qui dément avec colère les accusations occidentales, a toujours refusé de condamner l’invasion russe en Ukraine en février 2022, entamant un rapprochement significatif avec Moscou.
L’Otan s’efforce depuis des mois de mettre davantage l’accent sur les menaces posées par la Chine, par souci de répondre aussi aux préoccupations américaines sur ce point, selon des diplomates à Bruxelles.
La Suède a ainsi appelé mardi l’Otan à intensifier ses efforts sur la Chine afin de s’assurer le soutien continu des États-Unis, alors que le candidat républicain à la Maison Blanche Donald Trump a vivement critiqué l’Alliance.
Très inquiet.
Les pays de l’Otan vont ensuite retrouver le président ukrainien, lui aussi très inquiet de l’aide apportée par Pékin à Moscou, en marge d’un sommet, marqué aussi par le climat d’incertitude politique régnant aux États-Unis.
Le président américain Joe Biden, hôte de cette rencontre, doit donner une conférence de presse jeudi, après des semaines d’interrogations sur son état de santé et sa capacité à affronter son rival républicain Donald Trump, lors de l’élection présidentielle de novembre.
Réunis depuis mardi à Washington, les dirigeants de l’Otan ont annoncé mercredi un ensemble de mesures « fortes » pour aider l’Ukraine. Ils ont annoncé le transfert imminent de F-16 de fabrication américaine, de nouveaux systèmes de défense antiaérienne, un engagement financier d’au moins 40 milliards d’euros en aide militaire, et le caractère « irréversible » de la trajectoire d’adhésion de l’Ukraine à l’Otan.
Les États-Unis ont aussi indiqué mercredi qu’ils allaient déployer de manière « épisodique » des missiles à longue portée en Allemagne à compter de 2026, précisant qu’ils pourraient ensuite être stationnés de manière permanente. Ces missiles auront aussi une portée plus importante que ceux actuellement déployés, selon la Maison Blanche.
Cet ensemble de mesures a été vu à Moscou comme la preuve d’un engagement de l’Otan dans la guerre en Ukraine. Et pour y répondre, le Kremlin a affirmé jeudi prévoir des « mesures » pour « contrer la menace sérieuse » posée par l’Otan jugée « de facto pleinement impliquée dans le conflit autour de l’Ukraine ».
À la suite de ces déclarations, le président turc Recep Tayyip Erdogan a jugé jeudi, depuis Washington, la perspective d’un « conflit direct entre l’Otan et la Russie préoccupante ».
Article écrit par : Aminata Gueye
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