C’est avec un mélange de fascination et de questionnement que l’on observe l’influence croissante des diasporas africaines dans le développement du continent. Des milliers d’Africains, installés principalement en Europe, en Amérique et en Asie, contribuent chaque année par des envois de fonds aux économies locales, soutenant les familles et les communautés.
Ces transferts financiers représentent une part significative du PIB dans plusieurs pays africains. Mais cette contribution est-elle réellement suffisante pour provoquer un changement durable, ou est-elle un substitut temporaire aux véritables politiques de développement ?
Les diasporas africaines sont également des vecteurs de compétences et de savoir-faire. Beaucoup d’entre elles sont riches en expertise dans des domaines stratégiques comme la santé, l’éducation, la technologie et le management. Cependant, malgré les nombreuses initiatives d’investissements, de formation et de transfert de connaissances, l’impact réel de ces actions sur le long terme reste souvent marginal.
Les entreprises ou projets financés par les membres de la diaspora ne réussissent pas toujours à se structurer de manière durable, faute de politique publique claire et de soutien institutionnel pour favoriser l’entrepreneuriat local. Loin d’être un simple spectateur, la diaspora tente bien souvent de pallier l’inefficacité des gouvernements en place, mais est-ce suffisant pour changer la donne structurellement ?
Le problème réside dans le fait que, malgré leurs contributions financières et intellectuelles, les diasporas africaines restent souvent à l’écart des processus décisionnels des pays d’origine. Si elles participent activement à la reconstruction d’infrastructures ou à la promotion d’entreprises, ces actions restent très souvent déconnectées des politiques nationales.
Le manque d’intégration des initiatives diasporiques dans les stratégies de développement national engendre une perte de potentiel. Les gouvernements africains, dans leur volonté de préserver leur souveraineté, semblent parfois réticents à exploiter cette richesse humaine et financière, préférant privilégier des solutions internationales à celles émanant de leurs propres ressortissants.
Les gouvernements africains doivent donc assumer une plus grande responsabilité dans l’inclusion de la diaspora dans les grandes orientations politiques du continent. Ils devraient non seulement encourager les envois de fonds, mais aussi faciliter l’investissement dans les secteurs clés du développement, créer des politiques d’incitation et des environnements favorables à l’entrepreneuriat. De plus, des partenariats public-privé plus dynamiques et une meilleure reconnaissance du rôle de la diaspora dans l’élaboration des politiques publiques pourraient catalyser un changement à plus grande échelle.
Les diasporas africaines sont incontestablement des acteurs clés dans le développement du continent, mais leur potentiel est loin d’être pleinement exploité. Si elles continuent à jouer un rôle important dans les envois de fonds et l’investissement privé, il est crucial qu’elles soient mieux intégrées dans les stratégies de développement à long terme.
Il est temps que les gouvernements africains reconnaissent l’impact structurel que pourrait avoir la diaspora dans les politiques publiques et dans la construction d’un avenir plus prospère pour le continent. La diaspora doit cesser d’être perçue uniquement comme un soutien financier et être considérée comme un partenaire stratégique à part entière dans la transformation économique et sociale de l’Afrique.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Augustin Sall.
Mis en ligne : 30/01/2025
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