Dubaï, ville de tous les superlatifs, attire chaque année des millions de touristes en quête de luxe et d’expériences uniques. Pourtant, derrière les gratte-ciels scintillants et les centres commerciaux opulents, se cache une réalité plus nuancée : celle d’un pays aux traditions strictes qui tente de concilier modernité et respect de ses valeurs culturelles. L’une des questions les plus sensibles reste celle du code vestimentaire, un sujet qui divise autant qu’il interroge sur la cohabitation entre ouverture et conservatisme.
Les autorités émiraties ont opté pour un compromis : les autochtones doivent se conformer à des règles vestimentaires strictes, tandis que les touristes disposent d’une plus grande liberté. Cependant, cette flexibilité apparente masque une réalité plus complexe. Officiellement, aucune loi n’interdit les tenues occidentales, mais les visiteurs sont encouragés à adopter une tenue « modeste » dans les espaces publics. Ce terme flou laisse place à des interprétations variables, exposant parfois les touristes à des remarques ou à des situations inconfortables.
Derrière cette politique se profile une tension inhérente à la société dubaïote. D’un côté, l’émirat cherche à maintenir son attractivité touristique en cultivant une image de tolérance et de cosmopolitisme. De l’autre, il doit veiller à ne pas heurter les sensibilités locales attachées aux valeurs islamiques. Ce numéro d’équilibriste se retrouve dans de nombreux aspects de la vie quotidienne, notamment dans les centres commerciaux, où des panneaux rappellent aux visiteurs les règles vestimentaires à respecter.
Mais cette cohabitation n’est pas sans contradictions. Dubaï encourage une société de consommation où l’on trouve les marques de mode les plus prestigieuses, vendant des vêtements souvent incompatibles avec les codes locaux. D’un côté, la ville se veut un carrefour du monde, accueillant toutes les cultures ; de l’autre, elle impose des limites implicites à l’expression vestimentaire. Cette dualité révèle les paradoxes d’un pays qui oscille entre tradition et globalisation.
Au-delà de la question vestimentaire, le cas de Dubaï soulève une réflexion plus large sur la compatibilité entre ouverture internationale et respect des traditions. Peut-on véritablement prétendre à une société cosmopolite tout en imposant des normes issues d’un cadre religieux ? Cette interrogation n’est pas propre aux Émirats arabes unis : elle traverse de nombreuses sociétés confrontées à la mondialisation et à l’afflux de cultures diverses.
Finalement, Dubaï reste un fascinant laboratoire de la modernité où se confrontent libertés individuelles et normes collectives. Tant que ces contradictions existeront, le code vestimentaire continuera d’être un sujet de débat, témoignant de cette tension permanente entre volonté d’attirer le monde et désir de préserver une identité culturelle forte.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Khadidiatou Bâ.
Mis en ligne : 08/02/2025
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