Depuis l’émergence de ChatGPT en novembre 2022, le monde s’est plongé dans une course effrénée pour dominer l’intelligence artificielle (IA). Ce n’est plus simplement une compétition technologique, mais un véritable enjeu de pouvoir entre les nations. Les États-Unis, la Chine et d’autres acteurs mondiaux s’affrontent dans une bataille pour développer des IA toujours plus performantes et détenir la suprématie mondiale. En février 2025, lors du Sommet mondial pour l’action sur l’intelligence artificielle en France, ce phénomène a pris une tournure particulièrement politique et géopolitique, mettant en lumière un bras de fer entre ces superpuissances.
La Chine, en lançant son agent conversationnel « Deepseek-R1 », a ébranlé le domaine de l’intelligence artificielle. Avec un coût d’entraînement dix fois moins élevé que ChatGPT et une consommation d’énergie cinquante fois inférieure, la Chine a réalisé un exploit impressionnant. Cette avancée pourrait marquer un « moment Spoutnik » de notre époque, comparable à l’onde de choc causée par le lancement du premier satellite soviétique en 1957. En réponse, les États-Unis ont renforcé leurs investissements, avec un projet ambitieux d’IA baptisé « Stargate », à hauteur de 500 milliards de dollars, pour rester leaders dans ce domaine stratégique.
Cependant, ce qui semble faire la différence n’est pas uniquement la puissance de calcul ou l’investissement financier, mais la capacité de chaque pays à définir l’IA selon ses propres valeurs culturelles et politiques. La Chine, par exemple, a mis au point un modèle qui occulte certains sujets sensibles, comme la répression de Tiananmen ou la question de Taïwan, tandis que ChatGPT, l’outil américain, exporte des valeurs typiquement occidentales, comme l’importance de la liberté individuelle. Ce phénomène de soft power, où l’IA devient un vecteur de diffusion de systèmes de valeurs, renforce l’importance géopolitique de cette technologie.
En Europe, la situation est bien plus compliquée. Alors que la Chine et les États-Unis font preuve d’une compétitivité féroce, l’Europe semble en retrait. Le financement de l’IA y est nettement inférieur, et l’incapacité à retenir les talents formés sur son sol accentue le retard. Pourtant, des initiatives comme le « Chips Act » de l’Union européenne et des acteurs comme Mistral, une start-up française, tentent de combler ce fossé. Cependant, l’Europe peine à suivre le rythme imposé par les géants d’outre-Atlantique et d’outre-Pacifique, risquant ainsi de se retrouver marginalisée dans cette nouvelle ère technologique.
Face à ces enjeux, l’Europe mise sur la régulation pour se différencier. Le « AI Act », adopté en 2021, vise à établir un cadre juridique pour l’usage de l’IA, positionnant l’Europe comme pionnière en matière de régulation. Bien que cette législation soit avant-gardiste, elle soulève des questions sur son efficacité. Pour certains, il s’agit d’un simple vernis moral destiné à attirer l’innovation et à créer une forme de « soft power » européen. Toutefois, elle représente une tentative de faire face à des États-Unis et à une Chine dont la politique d’investissement semble plus agressive et pragmatique.
Cette lutte pour l’intelligence artificielle ne se résume pas seulement à une bataille technologique, mais à un enjeu géopolitique majeur où chaque acteur cherche à imposer ses valeurs et son modèle. À travers cette nouvelle conquête numérique, l’IA devient un outil de domination mondiale, aussi stratégique que les conquêtes spatiales du passé. L’Europe, si elle veut rester compétitive, devra non seulement accroître ses investissements, mais aussi tirer profit de ses atouts en matière de régulation et d’éthique pour ne pas rester spectatrice de ce jeu de pouvoir.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Alpha DiaTTA.
Mis en ligne : 15/02/2025
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