Le Wall Street Journal titre : « Trump fait une pause sur les droits de douane, encore une fois, pour l’instant ». Le quotidien américain analyse cet épisode comme une manœuvre typique de l’ancien président : « une décision radicale, suivie d’un silence stratégique, laissant ses proches dans l’incertitude, avant un revirement soudain ».
Ce changement de cap aurait été dicté, selon le journal, par les secousses des marchés boursiers et par la mobilisation d’un grand nombre de dirigeants d’entreprise, inquiets des conséquences économiques. Ces derniers jours, de nombreux cadres et lobbyistes ont multiplié les appels à Susie Wiles, cheffe de cabinet à la Maison Blanche.
Même au sein de l’entourage de Donald Trump, des voix ont commencé à s’élever face à une stratégie jugée risquée.
D’après le New York Times, « en coulisses, plusieurs hauts responsables redoutaient une panique financière difficilement maîtrisable ». Certains membres de l’équipe présidentielle prônaient depuis le début une approche plus structurée du conflit commercial, avec pour objectif principal d’isoler Pékin. Un message que Donald Trump semble enfin avoir entendu.
Un geste bienvenu pour Meloni
La décision de suspendre les nouveaux droits de douane pour 90 jours tombe à point nommé pour Giorgia Meloni. La cheffe du gouvernement italien doit se rendre à Washington jeudi prochain pour une visite officielle.
Le Corriere della Sera qualifie ce geste d’« une caresse tout à fait inattendue ». Le quotidien italien revient sur une journée particulièrement mouvementée : « Une journée cauchemardesque. D’abord, l’humiliation implicite d’une blague vulgaire dans laquelle Donald Trump se moquait de ces pays, selon lui, prêts à lui « lécher le cul » ».
Puis est venue « la provocation française », la France ayant laissé entendre, un temps, qu’elle était disposée à négocier seule avec Washington, contournant ainsi l’Union européenne. Bien que Paris ait par la suite rectifié ses propos, la tension avec l’Élysée est montée d’un cran jusqu’à ce que, à 19h30, Trump décide de faire machine arrière. « Une bouffée d’air » comparable à une brise printanière, commente le journal.
La Chine fulmine
Seule grande puissance à ne pas bénéficier de l’assouplissement tarifaire, la Chine affiche sa colère. La presse officielle, fidèle relais du Parti communiste, exprime un ton de défi. Le China Daily tonne : « Pékin ne cédera pas à la pression américaine ». Le quotidien accuse Washington d’agir de manière unilatérale : « Ce n’est un secret pour personne que les États-Unis cherchent désormais à exclure la Chine de leur marché intérieur et à redessiner les chaînes d’approvisionnement mondiales selon leurs seuls intérêts ».
Le Groenland, une ligne rouge pour le Danemark
Parallèlement, le Danemark continue de réaffirmer sa souveraineté sur le Groenland. Dans une tribune publiée dans Le Temps, l’ancien président de la Cour suprême danoise, Torben Melchior, décrypte les motivations des États-Unis : « Trois raisons semblent guider Washington : le renforcement de sa présence militaire, l’accès aux ressources minières et l’obsession de Donald Trump pour l’expansion territoriale ».
Melchior se montre ouvert au dialogue sur les deux premiers points, affirmant que « le Groenland et le Danemark sont prêts à négocier ». Mais il prévient que le troisième objectif « ne pourrait être atteint que par la force ». Et d’ajouter : « Si les États-Unis devaient recourir à une intervention militaire contre un pays allié, cela signerait sans doute la fin de l’OTAN ».
Article écrit par : Jean Lazare Ndiaye.
Mis en ligne : 10/04/2025
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