Le sursis accordé par Donald Trump à TikTok, via un décret prolongeant de 75 jours le délai imparti pour la vente de ses activités américaines, s’inscrit dans une stratégie bien rodée : celle du marchandage. Derrière cette extension temporaire, le président américain de l’époque ne cachait pas ses intentions.
Il a lui-même laissé entendre que des gestes commerciaux, comme l’allègement des droits de douane sur les importations chinoises, pourraient accompagner un accord favorable à Washington. Ce n’est plus de la diplomatie : c’est du troc.
En mêlant sécurité nationale, intérêts économiques et tactique électorale, Trump a transformé un dossier technologique en bras de fer géopolitique. Certes, la méfiance vis-à-vis des entreprises chinoises, soupçonnées de collecter des données sensibles, est légitime dans un contexte mondial marqué par la surveillance numérique. Mais faire de TikTok une monnaie d’échange pour assouplir la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine soulève de sérieuses questions.
D’abord, cette manière de gouverner par décret et improvisation crée une incertitude chronique pour les entreprises et les citoyens. Les utilisateurs de TikTok, en majorité jeunes, assistent impuissants à la politisation d’un réseau social devenu un outil d’expression culturelle et même, pour certains, une source de revenus. Les entreprises concernées, qu’il s’agisse de ByteDance ou de ses potentiels acheteurs américains, sont quant à elles laissées dans un flou juridique.
Ensuite, ce type de chantage économique flirte dangereusement avec les limites du droit international et des principes du commerce équitable. Conditionner un assouplissement douanier à l’approbation d’une vente d’actifs ressemble moins à une stratégie de protection des consommateurs qu’à une manœuvre purement politique.
Enfin, ce cas illustre une tendance plus large : l’instrumentalisation de la technologie à des fins de pouvoir. Ce n’est plus la supériorité de l’innovation ou la compétitivité économique qui compte, mais la capacité à contrôler et à imposer. Trump a compris que dans la guerre de l’attention, TikTok est une pièce maîtresse.
À l’heure où les relations sino-américaines restent tendues, il est crucial de distinguer ce qui relève d’une réelle préoccupation pour la sécurité numérique de ce qui n’est qu’un marchandage aux relents électoralistes. Le monde mérite mieux que cette diplomatie du bouton rouge, où une application devient le pion d’un jeu plus large.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Paul Diatta.
Mis en ligne : 14/04/2025
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