Trois ans de conflit, des milliers de morts, et un espoir de paix qui s’éloigne chaque jour un peu plus. À l’heure où les canaux diplomatiques se multiplient sans jamais converger, la guerre en Ukraine s’enlise, laissant derrière elle un cortège de victimes et un horizon toujours plus sombre.
D’un côté, des discussions à Londres réunissant Ukrainiens, Européens et Américains. Mais sans poids lourds diplomatiques : aucun ministre européen des Affaires étrangères, et surtout, l’absence remarquée des principaux émissaires de Donald Trump. De l’autre, l’ancien président américain, toujours influent sur la scène internationale, mise sur un coup d’éclat. Il promet un accord “dans la semaine” et envisage un sommet avec Vladimir Poutine à Riyad, annoncé officieusement pour la mi-mai.
Mais que peut-on espérer d’un sommet aux contours flous et aux intentions discutables ? Selon le Financial Times, le Kremlin serait prêt à geler la ligne de front actuelle et à renoncer à l’annexion complète des régions de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijjia. À une condition : que les États-Unis reconnaissent la souveraineté de la Russie sur la Crimée et ferment définitivement la porte de l’Otan à l’Ukraine.
« Inacceptable », tranche le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Même réponse du côté européen. La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, est formelle : « La Crimée, c’est l’Ukraine. Point. »
L’idée d’un compromis sur la péninsule annexée en 2014 cristallise les tensions. Die Welt, en Allemagne, dénonce une « imposture » diplomatique orchestrée par l’entourage de Trump. Accepter une telle reconnaissance, argue le quotidien, reviendrait à légitimer les conquêtes impérialistes et encourager de futures agressions. Même son de cloche à The Guardian, qui évoque un « tournant historique » dans la politique étrangère américaine.
À Kiev, le Kyiv Post relaie les mots tranchants de Maksym Vishchyk, professeur de droit : « Le droit international est clair : toute concession faite sous la menace est illégitime et nulle. »
Pour l’Ukraine, impossible d’envisager une paix tant que les armes parlent. Une paix véritable ne pourra naître que dans un contexte de liberté retrouvée, sans menace ni chantage militaire.
Alors que les tractations patinent, Donald Trump s’agace. Il accuse Zelensky de bloquer les négociations par son entêtement sur la Crimée, rapportent plusieurs titres anglo-saxons, dont The Times. Une déclaration qui n’arrange rien. Car sur le terrain, les bombes continuent de tomber.
Dans la nuit, Kiev a de nouveau été visée par une attaque aérienne de grande ampleur. Sirènes hurlantes, missiles, drones, et détonations dans le centre-ville. Bilan provisoire, selon La Repubblica : neuf morts, plus de soixante blessés.
Alors que les appels à la trêve se multiplient, les faits rappellent chaque jour leur brutalité. La paix semble aujourd’hui bien lointaine. Les lignes ne bougent pas. Et pendant que les puissants discutent, les civils, eux, comptent leurs morts.
Article écrit par : Mariama Ba
Mis en ligne : 24/04/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.