Le « Léppi » plus qu'un tissu : Héritage vivant du Fouta-Djalon - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Art & Culture | Par Maimouna | Publié le 08/05/2025 12:05:45

Le « Léppi » plus qu'un tissu : Héritage vivant du Fouta-Djalon

Dans un monde où la mode s’uniformise et les traditions s’effacent sous les projecteurs de la mondialisation, le Léppi, ce tissu originaire du Fouta-Djalon, en Guinée, continue de défier le temps. Bien plus qu’un simple habit traditionnel, le Léppi est l’étendard d’une mémoire collective, le fil tissé d’une identité peule fière et résiliente.

Il faut le dire sans détour : le Léppi n’est pas un tissu comme les autres. Chaque fibre raconte une histoire, chaque motif porte une symbolique. Dans la société peule, revêtir le Léppi, c’est affirmer son appartenance, honorer ses ancêtres, et inscrire sa présence dans une continuité culturelle qui dépasse l’individu. Mariages, baptêmes, fêtes religieuses… les grands moments de la vie ne sauraient se dérouler sans lui. Il est là, témoin silencieux mais puissant des rites de passage et des cérémonies qui rythment l’existence.

Son esthétique, marquée par des motifs géométriques simples mais chargés de sens, traduit une pensée structurée et un lien profond avec la nature et la spiritualité. Tissé à la main, souvent à base de coton ou de soie, le Léppi demande patience et dextérité. C’est un savoir-faire ancestral que se transmettent les tisserands, en majorité des hommes, tandis que les femmes y ajoutent la touche finale, brodant le tissu avec une précision remarquable. Chaque pièce est une œuvre d’art, façonnée à deux mains, dans un respect mutuel des rôles et des gestes du passé.

Mais si le Léppi séduit aujourd’hui au-delà des frontières du Fouta-Djalon, ce n’est pas un hasard. Des créateurs contemporains, conscients de la richesse culturelle qu’il incarne, s’en inspirent pour réinventer une mode enracinée. On voit alors le Léppi défiler dans des capitales de la mode, intégré à des tenues modernes, sans pour autant perdre son âme. Il devient un pont entre l’authenticité africaine et la créativité globale.

Le danger serait de le réduire à une tendance passagère. Car le Léppi n’est pas un objet de consommation ; il est un cri d’identité. Dans une époque où l’oubli menace les cultures minorées, il est urgent de reconnaître que préserver le Léppi, ce n’est pas simplement sauvegarder un tissu, c’est protéger une mémoire, une dignité, une voix.

Ce tissu, tissé à la main mais enraciné dans le cœur, mérite bien plus que quelques apparitions dans des défilés. Il mérite une place dans les politiques culturelles, dans les programmes éducatifs, dans l’économie locale. Car valoriser le Léppi, c’est donner aux jeunes du Fouta-Djalon une raison de croire que leur héritage a encore de l’avenir.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Pauline Diouf.
Mis en ligne : 08/05/2025

La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.


Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Copyright © 2023 www.notrecontinent.com

To Top