À l’approche de ses 40 ans de carrière, Baaba Maal n’est pas seulement un artiste ; il est le gardien d’une mémoire vivante, le porte-voix d’un peuple et d’une culture en danger. Né à Podor, au nord du Sénégal, il incarne la richesse plurielle de l’Afrique de l’Ouest, cette mosaïque de langues, de musiques et de traditions que certains cherchent aujourd’hui à banaliser ou à exploiter à des fins mercantiles.
Baaba Maal, par son parcours et son engagement, dénonce sans le dire cette marchandisation culturelle qui fragilise nos racines et défigure notre identité collective.
Fils d’un muezzin mélomane et d’une mère attachée aux coutumes locales, Baaba Maal a été initié très tôt à l’âme de son peuple. Ce n’est pas un hasard si ses premiers pas artistiques s’ancrent dans les chants traditionnels, ceux-là mêmes que ses détracteurs contemporains veulent reléguer au rang d’un folklore dépassé. En faisant revivre et transmettre le Yela, ce trésor musical ouest-africain, Baaba Maal combat l’amnésie programmée et résiste à l’invasion culturelle qui, sous couvert de modernité, cherche à gommer la spécificité de nos peuples.
Mais le combat de Baaba Maal ne s’arrête pas aux frontières du folklore. Avec Mansour Seck, il a parcouru des centaines de villages, répertoriant des voix, des sons, des histoires que d’autres auraient laissés mourir. Cette démarche est un acte militant à part entière, une révolte contre l’indifférence des pouvoirs publics et la passivité d’une jeunesse souvent déconnectée de son histoire. En partageant son savoir, Baaba Maal impose une autre vision : celle d’un art au service de la communauté, d’une culture vivante, dynamique, qui puise dans le passé pour éclairer l’avenir.
La reconnaissance internationale qu’il a su conquérir, avec des projets comme la bande originale de Black Panther, doit être perçue non comme une simple gloire individuelle, mais comme un appel vibrant à remettre la culture africaine au cœur des débats mondiaux. Car tant que les Africains eux-mêmes n’assumeront pas pleinement leurs héritages, ces derniers resteront fragiles, vulnérables face aux pressions et aux dilutions. Baaba Maal nous rappelle ainsi que défendre sa culture, c’est aussi défendre sa dignité et son avenir.
À travers 40 années d’engagement artistique, Baaba Maal incarne cette nécessité impérative : que l’Afrique se réapproprie son histoire, ses langues, ses musiques et ses savoir-faire. Ce n’est pas simplement une question d’esthétique ou de divertissement, mais un combat pour la survie même de nos identités. En cette époque où tout s’efface à la vitesse des flux mondialisés, Baaba Maal est un phare, un modèle à suivre pour toutes celles et ceux qui refusent que notre mémoire collective soit reléguée aux oubliettes.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Amadou Ba.
Mis en ligne : 30/05/2025
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