Dans la commune de Salkégné, au cœur du département de Kolda, une initiative exemplaire a réuni cette semaine mères et filles autour d’un sujet longtemps resté tabou : l’excision. Organisé par les championnes communautaires du Centre de Conseil pour Adolescents (CCA) de Kolda, en partenariat avec l’ONG AMREF, ce dialogue intergénérationnel a permis d’ouvrir une brèche dans le mur du silence qui entoure cette pratique ancestrale.
Dans une atmosphère empreinte de respect, les femmes leaders de la communauté ont guidé les échanges, favorisant une parole libre sur les conséquences physiques, psychologiques et sociales de l’excision. Ce cadre sécurisé a permis à de nombreuses jeunes filles d’exprimer, parfois pour la première fois, leurs craintes et douleurs, tandis que certaines mères ont reconnu la nécessité de repenser des traditions transmises sans remise en question.
« En mettant les familles au cœur de la discussion, on touche directement les racines de la pratique », a confié une participante émue.
Une lutte confrontée à la réalité des frontières
Dans cette zone frontalière avec la Guinée-Bissau, la mobilisation est d’autant plus urgente que les lois sénégalaises interdisant l’excision sont souvent contournées. Des familles franchissent la frontière pour perpétuer le rite dans des villages voisins, rendant le combat plus complexe.
La stratégie du dialogue mère-fille s’impose comme un outil de sensibilisation puissant, capable de déconstruire les justifications culturelles et de favoriser une prise de conscience collective. Des mères, bouleversées par les témoignages de leurs filles, ont exprimé leur volonté de rompre avec la pratique. Un signe encourageant pour les acteurs engagés contre les mutilations génitales féminines dans la région.
À Salkégné, cette rencontre marque une étape importante dans la lutte contre l’excision. Plus qu’une simple discussion, elle ouvre la voie à une mobilisation communautaire durable, portée par l’écoute, l’éducation et l’espoir d’un avenir dans lequel chaque fille pourra grandir librement, dans la dignité et le respect de ses droits fondamentaux.
Contexte au Sénégal : Malgré une interdiction légale depuis 1999, l’excision reste pratiquée dans certaines régions, notamment au sud du pays. Les initiatives de dialogue local, soutenues par des ONG et des institutions communautaires, constituent aujourd’hui l’un des leviers les plus efficaces pour enrayer cette pratique profondément enracinée.
Article écrit par : Emmanuel Ndour
Mis en ligne : 08/06/2025
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