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Donald Trump a récemment signé un décret instaurant une « carte de séjour dorée » à un million de dollars, présentée comme une opportunité exceptionnelle pour les étrangers fortunés de s’installer aux États-Unis. « Cela va être un immense succès », a-t-il affirmé, promettant un traitement accéléré pour les candidats aux « qualités exceptionnelles ». Pourtant, derrière cette annonce clinquante se cache une réalité bien plus sombre : celle d’un pays où la couleur de peau, l’origine ou le statut social exposent encore à des violences policières systématiques, même pour ceux qui paient leur droit d’entrée.
À quoi bon investir une fortune pour obtenir un titre de séjour, si c’est pour risquer de subir le même sort que George Floyd, Eric Garner, ou les centaines d’autres victimes de la brutalité policière américaine ? Ce décret n’est pas une avancée, mais une arnaque de plus, vendant une sécurité illusoire à ceux qui croient que l’argent peut tout acheter même la dignité et la protection dans un pays où le racisme et l’impunité policière restent endémiques.
Les États-Unis se targuent d’être la terre des opportunités, mais la réalité est tout autre pour les minorités et les étrangers. Depuis des décennies, les violences policières ciblent de manière disproportionnée les personnes noires et issues de l’immigration. Selon une étude de l’ONU, les Noirs ont trois fois plus de risques d’être tués par la police que les Blancs, et plus de 55 % des décès dus à des violences policières ne sont même pas signalés officiellement. Le mouvement Black Lives Matter a beau avoir alerté le monde entier, les abus persistent, protégés par un système judiciaire complice et une culture de l’impunité. En 2020, la mort de George Floyd, asphyxié sous le genou d’un policier, avait choqué la planète. Cinq ans plus tard, rien n’a fondamentalement changé : les contrôles au faciès, les arrestations arbitraires et les homicides policiers continuent de faire des victimes, souvent sans conséquence pour leurs auteurs.
Dans ce contexte, la « carte dorée » de Trump apparaît comme une tromperie de plus. Elle donne l’illusion d’un accès privilégié à la société américaine, mais ne protège en rien contre les discriminations systémiques. Pire, elle renforce l’idée que la sécurité et les droits se monnayent, réservant un traitement de faveur aux plus riches tout en maintenant les autres dans l’insécurité et la précarité.
Le décret de Trump s’inscrit dans une logique de marchandisation de la citoyenneté, déjà critiquée dans d’autres pays. Les programmes de « visas dorés », comme ceux qui existaient en Espagne ou au Portugal avant leur suppression, ont souvent été pointés du doigt pour leurs risques éthiques et sécuritaires : blanchiment d’argent, corruption, et surtout, fausse promesse de protection. Aux États-Unis, où les inégalités raciales et sociales sont parmi les plus marquées au monde, cette mesure aggrave encore les fractures. Elle crée une caste de résidents « premium », tout en durcissant les conditions pour les autres immigrants – notamment les travailleurs qualifiés, désormais soumis à une taxe annuelle de 100 000 dollars pour un visa H-1B.
Trump justifie ces mesures par la volonté de « former des Américains » et de « protéger les emplois ». Pourtant, les économistes s’accordent à dire que sa politique anti-immigration nuit gravement à l’économie, privant le pays de talents et de main-d’œuvre essentielle. Les expulsions massives et les restrictions de visas ne réduisent pas l’immigration irrégulière, mais fragilisent les secteurs qui en dépendent, de la tech à l’agriculture. Quant à la « carte dorée », elle ne garantit ni la sécurité ni l’intégration : un millionnaire étranger reste un étranger, exposé aux mêmes risques que les autres minorités dans un pays où la police tue sans discernement.
Aux États-Unis, la richesse ne suffit pas à échapper au profilage racial. Des célébrités noires, des sportifs millionnaires, des universitaires reconnus ont tous été victimes de contrôles humiliants ou d’arrestations arbitraires. Aucun statut social ne met à l’abri d’un policier nerveux ou raciste. Acheter une carte de séjour ne change rien à cela : cela revient à payer pour le droit de vivre dans un pays qui ne vous considère pas comme un égal.
Les programmes de résidence par investissement sont souvent présentés comme des passeports pour la sécurité. Pourtant, comme l’ont montré les scandales en Europe, ces visas attirent aussi des fortunes douteuses et exposent leurs détenteurs à des risques juridiques et financiers. Aux États-Unis, où le climat politique est de plus en plus polarisé, les étrangers fortunés pourraient même devenir des cibles, accusés de « voler » des opportunités aux Américains.
En réservant l’accès au territoire aux plus riches, Trump alimente la colère des classes populaires, déjà convaincues que le système est truqué en faveur des élites. Cette mesure ne fait qu’ajouter de l’huile sur le feu, dans un pays où les inégalités explosent et où la violence politique est en hausse.
Les expulsions massives et les restrictions de visas n’ont pas réduit l’immigration irrégulière, mais elles ont coûté cher et créé des drames humains. La « carte dorée » est un coup médiatique, destiné à faire oublier l’absence de solutions réelles.
La « carte de séjour dorée » de Donald Trump est une escroquerie morale et politique. Elle vend un rêve américain déformé, où l’argent achète des privilèges mais pas la sécurité, ni le respect. Pour les étrangers qui envisageraient de payer un million de dollars pour s’installer aux États-Unis, une question s’impose : à quoi bon risquer sa vie et sa dignité dans un pays qui vous considérera toujours comme un étranger de seconde zone ?
Plutôt que de céder à cette illusion, les talents et les investisseurs feraient mieux de se tourner vers des pays où les droits fondamentaux sont respectés, où la police ne tue pas impunément, et où l’intégration ne se paie pas en millions de dollars. L’Amérique de Trump n’est pas une terre d’accueil, mais un mirage dangereux et personne, fussent-ils millionnaires, n’en est à l’abri.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Didier Diouf.
Mis en ligne : 23/09/2025
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