La mode rapide, symbole de gaspillage occidental, s’impose comme une menace environnementale pour l’Afrique. Au Ghana, les montagnes de vêtements d’occasion polluent, empoisonnent et étouffent les écosystèmes. Il est urgent d’agir pour contrer cette catastrophe.
La pollution textile provoquée par les déchets vestimentaires de l’Occident atteint des proportions alarmantes. Chaque semaine, plus de 15 millions de vêtements d’occasion arrivent au Ghana par le port de Tema.
Ces importations massives, souvent inutilisables, asphyxient les écosystèmes locaux. Pourquoi l’Afrique doit-elle encore payer le prix d’une mode irresponsable produite ailleurs ?
Le Ghana est le deuxième importateur mondial de vêtements d’occasion après le Pakistan. En 2022, ce petit pays d’Afrique de l’Ouest a importé près de 122 000 tonnes de textiles usagés. Ces « obroni wawu », ou « vêtements de l’homme blanc mort », se vendent sur le marché de Kantamanto à Accra. Cependant, près de la moitié des vêtements reçus sont inutilisables. Ces textiles rejetés finissent dans des décharges informelles ou sur des plages, où ils contaminent l’air, les sols et les eaux.
Les fibres synthétiques, comme le polyester, composent près de 50 % de ces déchets. Non biodégradables, elles libèrent des microplastiques dans les sols et les océans. Selon Greenpeace Afrique, chaque année, 0,5 million de tonnes de microplastiques textiles rejoignent les mers. Ces particules invisibles s’introduisent dans les chaînes alimentaires, affectant la santé humaine.
De plus, dans les quartiers pauvres d’Accra, certains textiles sont brûlés comme combustible. Cette pratique libère des substances toxiques, comme le benzène et le styrène, connues pour être cancérigènes et mutagènes. L’air pollué accroît les risques de maladies respiratoires et de cancers.
Cette pollution textile est une conséquence directe du néocolonialisme économique. Les pays occidentaux exportent leurs déchets textiles sous couvert de dons. Pourtant, ces « aides » ne sont qu’un moyen de se débarrasser de vêtements invendables. Le Ghana et d’autres nations africaines deviennent ainsi des poubelles à ciel ouvert pour le Nord.
Greenpeace qualifie cette situation d’« injustice environnementale ». Les pays riches doivent assumer leur responsabilité face à cette crise. L’Afrique ne peut plus subir les conséquences d’une surconsommation qui lui est étrangère.
Les gouvernements africains doivent exiger un contrôle strict des vêtements importés. Les pays occidentaux doivent cesser d’expédier des textiles inutilisables. Les marques de mode rapide doivent financer le recyclage et la gestion des déchets textiles. Le Ghana doit développer des systèmes de gestion durable des déchets pour éviter l’accumulation. Promouvoir la production de textiles durables, réparables et recyclables est essentiel. Les consommateurs africains peuvent aussi être sensibilisés à des choix responsables.
La campagne « Return to Sender » de Greenpeace a été un signal fort. Le retour de 4,6 tonnes de vêtements inutilisables en Allemagne rappelle que les pays riches doivent rendre des comptes. Cette mobilisation doit s’intensifier pour mettre fin à ce système inéquitable.
L’Afrique ne peut plus être la victime silencieuse de la mode rapide. Le Ghana paie un prix écologique et sanitaire exorbitant pour des vêtements rejetés ailleurs. Les gouvernements, les entreprises et les citoyens doivent unir leurs forces pour mettre fin à ce cercle vicieux. Une mode plus éthique et durable est possible. Encore faut-il que le Nord accepte de changer ses pratiques.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Rahime Pipita
Mis en ligne : 19/12/2024
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