Le double jeu de Trump : La liberté d'expression comme arme de censure - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - International | Par Maimouna | Publié le 30/10/2025 07:10:15

Le double jeu de Trump : La liberté d'expression comme arme de censure

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« Le Congrès ne fera aucune loi qui restreigne la liberté de parole ou de la presse » : le Premier Amendement de la Constitution américaine, socle de la démocratie, place la liberté d’expression au-dessus même du droit de porter des armes. Dès son retour à la Maison Blanche en janvier 2025, Donald Trump a signé un décret pour « restaurer la liberté d’expression et mettre fin à la censure fédérale ». Pourtant, derrière cette posture de défenseur des libertés se cache une réalité bien différente.

En parallèle de ce décret symbolique, le président américain a multiplié les attaques contre les médias, les universitaires et les plateformes qui osent le critiquer. Son bilan révèle un paradoxe troublant : celui d’un dirigeant qui se présente comme le champion de la liberté d’expression, tout en œuvrant activement à museler ses détracteurs.

Le décret présidentiel 14149, signé le 20 janvier 2025, promet de « rétablir la liberté d’expression » et de « mettre fin à la censure fédérale ». Pourtant, son contenu et ses conséquences trahissent une tout autre intention. Selon le Washington Post, ce texte vise surtout à « continuer à lutter contre la modération du contenu en ligne », notamment en rouvrant des procédures contre des médias comme CBS ou en menaçant les universités de retrait de financement si elles ne répriment pas les manifestations étudiantes. Plutôt que de protéger la liberté d’expression, ce décret sert d’outil politique pour intimider les voix dissidentes et imposer une ligne idéologique.

Les experts soulignent l’absence de mécanismes concrets pour garantir la liberté d’expression. Pire, le décret s’accompagne de mesures restrictives : limitation des subventions aux ONG critiques, expulsion d’étudiants étrangers impliqués dans des manifestations, ou encore pression sur les campus pour interdire certains débats. Comme le résume le New York Times, « la liberté d’expression rétablie avec la censure : la guerre c’est la paix ».

Donald Trump a fait de la diabolisation des médias une arme de gouvernance. Dès 2017, il qualifiait les journalistes de « fake news » et d’« ennemis du peuple » une rhétorique reprise et amplifiée depuis son retour au pouvoir. Ces attaques ne sont pas que verbales : elles se traduisent par des restrictions d’accès à la Maison Blanche pour des organes comme CNN, le New York Times ou l’AP, et par des poursuites judiciaires en série contre les médias critiques.

En 2025, Trump a ainsi intenté pas moins de trois poursuites majeures contre le New York Times, réclamant jusqu’à 15 milliards de dollars de dommages et intérêts pour diffamation des plaintes systématiquement rejetées par les juges, qualifiées de « vitupérations » et d’« invectives » sans fondement juridique. Ces procédures, bien que vouées à l’échec, ont un effet dissuasif : elles épuisent les rédactions financièrement et créent un climat de peur. Comme l’explique Reporters sans frontières, « la vision de Trump en matière de liberté d’expression se fait au détriment de la liberté de la presse ».

Le président américain ne s’en cache pas : il juge « illégal » que trop de médias le critiquent, tout en tolérant voire en encourageant les discours de haine parmi ses soutiens. Cette sélectivité rappelle les tactiques des régimes autoritaires, où la liberté d’expression n’est qu’un leurre pour ceux qui soutiennent le pouvoir.

Attaques systématiques contre les médias :

Retraits d’accréditations, restrictions d’accès, et menaces de révocation de licences pour les chaînes critiques. Poursuites-bâillons : Trump a attaqué en justice CNN (475 millions de dollars réclamés), CBS (20 milliards), et le Wall Street Journal, sans jamais obtenir gain de cause. Pressions financières : en 2025, ABC a versé 15 millions de dollars pour éviter un procès, tandis que NPR et PBS voient leurs financements menacés.

Après sa suspension de Twitter en 2021 pour incitation à la violence, Trump a menacé le réseau social (devenu X) de représailles, avant d’obtenir un dédommagement de 10 millions de dollars en 2025 non pour restaurer la liberté d’expression, mais pour avoir été censuré lui-même.

Le décret de 2025 n’a pas empêché la multiplication des atteintes à la liberté d’expression. Au contraire, il a servi de couverture à des mesures liberticides : expulsion d’étudiants, restrictions sur les campus, et censure de mots comme « injustice » ou « pollution » sur les sites fédéraux.

Cette stratégie n’est pas sans rappeler celle de dirigeants comme Viktor Orbán en Hongrie ou Recep Tayyip Erdoğan en Turquie, qui utilisent la rhétorique de la « liberté d’expression » pour justifier la répression des médias indépendants. Comme eux, Trump instrumentalise les institutions pour affaiblir les contre-pouvoirs, tout en se posant en victime d’une prétendue « censure ».

« La liberté d’expression, selon Trump, ne s’applique qu’à ceux qui l’applaudissent. » Cette citation résume à elle seule le paradoxe d’un président qui brandit le Premier Amendement comme un bouclier, tout en l’utilisant comme une épée contre ses opposants. Son décret de 2025, présenté comme une avancée historique, n’est qu’un écran de fumée pour masquer une offensive sans précédent contre la presse, les universitaires et les plateformes critiques.

En réduisant la liberté d’expression à un outil de propagande, Donald Trump sapent les fondements mêmes de la démocratie américaine. Comme le souligne le Devoir, ses actions révèlent « de nombreux paradoxes et contradictions » qui menacent durablement les droits démocratiques. La vraie question n’est pas de savoir si Trump est un champion ou un ennemi de la liberté d’expression mais comment protéger ce droit fondamental de ceux qui prétendent le défendre tout en le détruisant.

Dans un contexte où la désinformation et la polarisation menacent les sociétés démocratiques, comment garantir que la liberté d’expression reste un droit pour tous, et non un privilège réservé aux puissants ? La vigilance citoyenne et la résistance des médias indépendants seront plus que jamais nécessaires.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Amadou Ba.
Mis en ligne : 30/10/2025

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