Université Cheikh Anta Diop : Les archives réduits en cendres - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Société | Par Eva | Publié le 11/06/2023 11:06:40

Université Cheikh Anta Diop : Les archives réduits en cendres

Il ne reste plus que quelques fragments de l’extrait de naissance de Lamine D., qui est né en 1966 et qui était autrefois étudiant à la Faculté des lettres et des sciences humaines (FLSH) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD).

Malheureusement, le reste du document, ainsi que tous les autres témoignant de son passage à l’université, ont été détruits lors de l’incendie volontaire qui a ravagé le bâtiment abritant les archives de la faculté la semaine dernière.

L’université a été l’un des principaux foyers des troubles qui ont secoué le pays suite à la condamnation, le 1er juin, de l’opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison dans une affaire de mœurs. Cette peine pourrait le disqualifier de la présidentielle de 2024. Au moins 16 personnes ont perdu la vie dans ces troubles, voire 23 selon Amnesty International.

Lorsque le verdict est tombé, des jeunes encagoulés munis de cocktails Molotov ont incendié les archives de la faculté.

La thèse de Bakary D., qui comptait plus de 600 pages et qui était le fruit de plusieurs années de travail en sociologie, a été presque entièrement consumée. Seule la page de garde et quelques feuilles sont encore partiellement lisibles.

L’AFP a respecté la demande du responsable des archives en préservant l’anonymat des personnes impliquées.

La thèse de Bakary D. se trouvait, la veille de la Journée mondiale des archives, parmi les débris partiellement calcinés qui jonchaient le grand hall et les alentours du bâtiment de la faculté, répandant une odeur de brûlé. Quelques feuilles voltigeaient encore sous l’effet d’une légère brise.

Selon le responsable des archives, Lamine Diabaye, près de 200 000 documents datant de 1957 avant l’Indépendance jusqu’à 2010 ont été endommagés par les flammes.

Il a fallu des brouettes, des chariots et trois jours de travail pour évacuer l’ensemble de la vaste salle des archives, complètement noircie, raconte Abdourahmane Kounta, conservateur et archiviste de la faculté.

« Cet acte ignoble et inconsidéré aura un impact sur toute une génération de parcours académiques. C’est une partie entière de l’histoire de l’université qui a été réduite en cendres », déplore-t-il, entre colère et désolation.

Ces archives consistent principalement en des dossiers scolaires d’étudiants (fiches d’inscription, photos, extraits de naissance, bulletins de notes, etc.), des mémoires et des thèses. L’ensemble permet de retracer le parcours d’un étudiant et de délivrer son diplôme s’il ne l’a pas encore obtenu, ou de l’authentifier à la demande d’un employeur, par exemple.

Beaucoup d’anciens étudiants seront « pénalisés », explique M. Kounta, car il leur « sera impossible d’authentifier leurs diplômes ».

Des documents du personnel enseignant, des chercheurs et bacheliers ont tous été brulés.

Article écrit par : Claude Yanga

La plateforme NOTRECONTINENT.COM a pour vocation de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens, des associations, des ONG ou des professionnels au Sénégal. Cliquez-ici pour créer votre compte et publier votre article.


Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Copyright © 2023 www.notrecontinent.com

To Top