La junte malienne a franchi un nouveau seuil dans la restriction des libertés publiques. Dans un décret lu à la radiotélévision nationale mercredi 7 mai, elle a annoncé la suspension « jusqu’à nouvel ordre pour raison d’ordre public » de toutes les activités des partis politiques ainsi que des « associations à caractère politique ».
Selon le texte signé par le colonel Assimi Goïta, chef de la junte malienne, cette mesure s’applique sur toute l’étendue du territoire national. Elle vise également « les activités des associations à caractère politique et de toute autre organisation se réclamant d’un caractère politique ».
Cette décision de la junte malienne intervient alors qu’une coalition de partis politiques avait prévu une manifestation vendredi pour dénoncer leur possible dissolution et réclamer un retour à l’ordre constitutionnel. Depuis les coups d’État de 2020 et 2021, la junte malienne a renforcé son emprise sur le pays, affaiblissant systématiquement l’opposition à travers des poursuites judiciaires, des fermetures de partis et une rhétorique officielle prônant l’unité nationale autour du pouvoir militaire.
Dans un contexte d’instabilité sécuritaire persistante depuis 2012, marquée par des violences jihadistes et des soulèvements dans le Nord, le Mali voit son espace démocratique se réduire drastiquement. Pourtant, les principes fondamentaux du multipartisme, de la liberté d’expression et de la liberté d’association sont garantis par la Constitution de 1992, et ont même été réaffirmés dans la nouvelle loi fondamentale promulguée en 2023 par la junte malienne elle-même.
Ce durcissement politique risque d’aggraver les tensions internes et de creuser davantage le fossé entre les autorités de transition et une population de plus en plus désabusée.
Article écrit par : Amadou Diop
Mis en ligne : 07/05/2025
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