Le communiqué du Front pour la Défense de la Démocratie (Fdr) annonçant la fin du mandat de Khalifa Sall à sa tête et son remplacement par Samba Sy aurait pu passer inaperçu. Mais derrière les formules de politesse et les félicitations de convenance, se cache une réalité amère : l’échec cuisant de Khalifa Sall à incarner une figure de proue de l’opposition.
Depuis sa création, le Fdr avait pour ambition de fédérer les forces d’opposition autour d’un projet commun de défense de la démocratie. Un objectif noble, certes, mais qui nécessitait un leadership fort, une vision stratégique claire et une capacité à galvaniser les différentes sensibilités politiques de l’opposition. En confiant cette mission à Khalifa Sall, ancien maire de Dakar et figure politique controversée, le Fdr espérait peut-être trouver un ciment pour l’unité. Il n’en fut rien.
Quatre mois de mandat à la coordination du Fdr, et pourtant, rien de significatif à retenir. Aucun projet politique structurant. Aucun discours mobilisateur. Aucune stratégie claire face à un pouvoir qui, lui, avance ses pions sans hésitation. Le communiqué évoque un “parachèvement de son organisation” et des “activités de commissions”, mais où sont les résultats concrets ? Qu’a proposé Khalifa Sall pour répondre aux attentes d’un peuple désabusé ? Rien, si ce n’est une posture attentiste et un silence coupable face aux grands débats nationaux.
Khalifa Sall a échoué à plusieurs niveaux :
Manque de leadership : Incapable de rassembler autour de lui, il a laissé le Fdr s’enliser dans des querelles de personnes et une absence de ligne directrice. Plusieurs partis membres du Fdr ont exprimé, en coulisse, leur frustration face à son inertie.
Absence de vision stratégique : Aucune proposition forte, aucun calendrier d’actions, aucune confrontation assumée avec le régime. L’opposition est restée invisible, alors même que les signaux d’alerte sur la restriction des libertés se multipliaient.
Incapacité à incarner une alternative : Khalifa Sall n’a jamais réussi à dépasser son image d’ancien prisonnier politique pour devenir un acteur porteur d’avenir. L’électorat attend des idées, des solutions, pas une nostalgie molle d’un passé révolu.
Le parcours de Khalifa Sall montre un homme souvent dans l’ombre de figures plus charismatiques : Tanor Dieng au PS, puis Macky Sall dans une tentative de réconciliation avortée. Lors de la présidentielle de 2024, son incapacité à se positionner clairement entre les différents blocs d’opposition a illustré son indécision chronique. Pendant que d’autres construisaient patiemment des bases militantes, lui restait figé dans l’ambiguïté.
Ousmane Sonko ou même Barthélémy Dias, malgré leurs limites, ont su créer du débat, s’imposer dans les médias, prendre des risques. Khalifa Sall, lui, s’est toujours dérobé, préférant le consensus mou à l’affrontement nécessaire. Dans un contexte où l’opposition doit se battre pour exister, cette attitude est tout simplement suicidaire.
Le passage de Khalifa Sall à la tête du Fdr est un échec. Son incapacité à incarner un leadership fort et fédérateur démontre qu’il n’est pas l’homme de la situation. L’opposition sénégalaise ne peut plus se permettre des figures aussi effacées. Le moment est venu de choisir des leaders courageux, visionnaires et prêts à mener un vrai combat démocratique. Il est temps de tourner la page Khalifa Sall.
Il appartient désormais aux militants, aux citoyens et aux véritables forces de changement de se lever et de réclamer une opposition crédible, combative et porteuse d’espoir. Le Sénégal ne se sauvera pas avec des demi-mesures ni avec des leaders de salon. Le pays a besoin de courage politique. Le Fdr, et l’opposition en général, doivent oser ce sursaut.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mamadou Diop.
Mis en ligne : 29/06/2025
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