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L’affaire impliquant M. T. Dramé, fils de l’ancienne sénatrice Aïda Ndiongue, est bien plus qu’un simple cas d’abus de confiance. Elle révèle une pratique inquiétante : la banalisation du détournement de fonds au sein des cercles familiaux des élites, surtout lorsqu’il est justifié par des motifs religieux ou familiaux. Derrière les 19 millions de FCFA détournés et les promesses non tenues se cache une culture de l’impunité et une confusion dangereuse entre solidarité et fraude.
M. T. Dramé est accusé d’avoir détourné le produit de la vente d’un conteneur de marchandises confié par une commerçante, K. Coly. Selon les informations rapportées par L’Observateur, il devait reverser 19 millions de FCFA après déduction de ses bénéfices, mais n’a restitué que 2,65 millions. Pendant quatre mois, il a multiplié les prétextes, allant jusqu’à réclamer 100 000 FCFA supplémentaires pour des « frais de transport » jamais justifiés.
Face aux enquêteurs, il a reconnu les faits, mais a invoqué un argument pour le moins surprenant : une partie des fonds aurait servi à aider sa mère, Aïda Ndiongue, pour les préparatifs du Magal de Touba. Cette explication, loin d’atténuer sa responsabilité, soulève une question fondamentale : jusqu’où peut-on légitimer un détournement au nom de la famille ou de la religion ?
L’argument avancé par M. T. Dramé est révélateur d’une culture où la frontière entre fraude et solidarité devient floue. Utiliser des fonds détournés pour financer un événement religieux, aussi important soit-il, revient à instrumentaliser la tradition pour couvrir des actes répréhensibles. Cette pratique n’est pas isolée.
Au Sénégal, comme dans d’autres sociétés, les élites politiques et économiques ont souvent recours à des justifications morales ou religieuses pour masquer des comportements illégaux. Le Magal de Touba, moment sacré pour les mourides, ne devrait pas servir de paravent à des agissements contraires à l’éthique et à la loi.
Cette affaire s’inscrit dans une logique plus large de clientélisme et de redistribution opaque. Les ressources, qu’elles soient publiques ou privées, sont parfois considérées comme un bien familial ou communautaire, à disposition des membres les plus influents. Cette confusion entre bien public et intérêt privé est d’autant plus préoccupante qu’elle s’observe aussi bien dans la gestion des affaires publiques que dans les transactions privées. Elle crée un climat où la corruption devient une norme, où le détournement est perçu comme un moyen légitime de répondre à des obligations sociales ou religieuses.
Ce qui frappe dans cette affaire, c’est la facilité avec laquelle M. T. Dramé a pu justifier ses actes. Son argument, loin d’être rejeté avec indignation, a été « écouté » par les enquêteurs, comme si la fin (aider sa mère pour un événement religieux) pouvait justifier les moyens (détourner l’argent d’une commerçante). Cette tolérance envers la corruption, surtout lorsqu’elle est commise par des proches des élites, est un signe alarmant. Elle envoie un message dangereux : certains peuvent se permettre de contourner la loi, tant qu’ils invoquent des motifs jugés nobles.
Cette situation n’est pas sans rappeler d’autres cas, au Sénégal et ailleurs, où des personnalités ou leurs proches ont détourné des fonds en invoquant des raisons familiales ou caritatives. Par exemple, en 2020, un fils d’un ancien ministre sénégalais avait été impliqué dans une affaire de malversation financière, justifiant ses actes par la nécessité de soutenir sa famille. De même, dans plusieurs pays africains, des responsables politiques ont utilisé des fonds publics pour financer des événements privés ou familiaux, sous couvert de « tradition » ou de « solidarité ». Ces pratiques, lorsqu’elles restent impunies, sapent les fondements de la justice et de l’égalité devant la loi.
M. T. Dramé, malgré ses aveux, continue de vaquer librement à ses occupations. Cette impunité apparente renforce l’idée que certains citoyens sont au-dessus des lois, simplement en raison de leur nom ou de leur réseau.
K. Coly, la commerçante lésée, représente ces milliers de Sénégalais qui subissent les conséquences de l’arbitraire et de l’injustice. Son cas illustre le déséquilibre criant entre les « petits » et les « grands » dans l’accès à la justice.
Le PDS, dont Aïda Ndiongue est une figure emblématique, a le devoir de condamner fermement ces agissements. Son silence pourrait être interprété comme une forme de complicité, voire d’approbation tacite.
L’affaire M. T. Dramé est un symbole des dérives d’un système où la gouvernance familiale se confond avec la fraude. Elle rappelle l’urgence de restaurer une culture de la responsabilité et de la transparence, où aucun individu, quel que soit son statut, ne peut se soustraire à la loi. La justice doit jouer son rôle sans complaisance, et les partis politiques doivent montrer l’exemple en sanctionnant les comportements contraires à l’éthique.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Djibril Lo.
Mis en ligne : 31/10/2025
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