Macron piégé par sa stratégie : La France en impasse institutionnelle - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - International | Par Maimouna | Publié le 09/10/2025 01:10:00

Macron piégé par sa stratégie : La France en impasse institutionnelle

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La crise politique qui secoue la France depuis la démission de Sébastien Lecornu révèle une vérité crue : Emmanuel Macron, après avoir méthodiquement affaibli son propre camp, se retrouve plus isolé que jamais. Les principaux responsables macronistes, ceux-là mêmes qu’il a portés au pouvoir, lui tournent désormais le dos, tandis que les Républicains, divisés et affaiblis, jouent leur survie politique sans se soucier de l’intérêt général. Cette situation est le résultat direct des choix d’Emmanuel Macron, qui a gouverné par décrets, méprisé les corps intermédiaires et affaibli les partis. Aujourd’hui, il en paie le prix fort.

Le 9 juin 2024, après la défaite de son camp aux européennes, Macron dissout l’Assemblée nationale, pensant affaiblir ses adversaires. Résultat ? Il a surtout affaibli son propre camp et offert des armes à ses anciens alliés. Les législatives qui suivent ne dégagent aucune majorité claire, plongeant la France dans une instabilité sans précédent. Depuis, quatre Premiers ministres se sont succédé en seize mois, chacun plus éphémère que le précédent. La dissolution, loin d’être un coup de maître, s’est révélée un aveu d’échec, un pari fou qui a précipité le pays dans le chaos.

Les Français, massivement mobilisés aux urnes, n’ont pas tranché en sa faveur : avec 66,63 % de participation, ils ont exprimé leur rejet d’un pouvoir vertical et solitaire. Aujourd’hui, 74 % des Français estiment que cette dissolution a empêché toute réforme, et 60 % lui en reprochent directement la responsabilité.

La démission de Sébastien Lecornu, après seulement 27 jours à Matignon, est le symbole d’un système à bout de souffle. Qui accepterait encore de servir de fusible à un président en fin de règne ? Les candidats se font rares, et ceux qui restent exigent des contreparties exorbitantes. Même les fidélités les plus solides, comme celle de Bruno Le Maire, sont remises en cause. Gabriel Attal et Édouard Philippe, jadis promus par Macron, n’hésitent plus à le critiquer publiquement, voire à appeler à son départ anticipé. Les Républicains, eux, oscillent entre opposition et collaboration, brouillant leur message et perdant toute crédibilité. Bruno Retailleau, après avoir provoqué la chute du gouvernement, tente de justifier son geste en dénonçant les « manœuvres de l’Élysée », tout en refusant de quitter définitivement le pouvoir.

Macron est prisonnier de sa propre stratégie : avoir affaibli les partis, gouverné par décrets, et méprisé les équilibres institutionnels. Aujourd’hui, il se retrouve seul, sans alliés, sans majorité, sans projet. La solitude du pouvoir n’est pas subie, elle est choisie. Et elle est désormais visible aux yeux de tous, y compris à l’international, où la presse étrangère décrit une France en « chaos politique » et un président « épuisé et isolé ».

En 2024, Macron a cru pouvoir sauver son quinquennat en jouant la carte de la dissolution. Il a obtenu l’inverse : une Assemblée ingouvernable, une succession de gouvernements fantômes, et une crise institutionnelle sans précédent. Les Français, interrogés un an après, sont sans illusion : 74 % estiment que cette décision a paralysé le pays, et 60 % lui en imputent la responsabilité.

Après Lecornu, qui osera encore prendre le risque de Matignon ? Les tractations actuelles ressemblent à une foire d’empoigne, où chacun défend ses intérêts personnels. Les LR, avec leurs 50 députés, ne peuvent prétendre incarner la stabilité, mais ils refusent de clarifier leur position, par peur de disparaître avant 2027.

Même les plus fidèles, comme Bruno Le Maire, sont contestés. Les macronistes, divisés, pensent déjà à l’après-Macron. Attal et Philippe préparent 2027, quitte à saborder le quinquennat en cours. Quant aux Républicains, leur double jeu (restant au gouvernement tout en le critiquant) révèle leur incapacité à proposer une alternative crédible.

En Europe, les gouvernements de coalition, même fragiles, fonctionnent parce qu’ils acceptent le compromis. En Italie, Giorgia Meloni gouverne avec des alliés de droite ; en Suède, un accord entre quatre partis permet de faire passer des réformes. En France, le refus du partage du pouvoir a conduit à l’impasse. La dissolution « à l’anglaise » de Macron, loin de clarifier la situation, a aggravé les divisions. Contrairement au Royaume-Uni, où la dissolution est un outil courant, en France, elle a été utilisée comme une arme de dernier recours, sans préparation ni vision.

Emmanuel Macron est aujourd’hui l’otage de ses propres choix. Sa stratégie du « en même temps » a échoué. Sa dissolution a divisé, sa gouvernance a isolé, son autoritarisme a révolté. La France, pays des Lumières, est devenue le symbole d’un modèle démocratique en panne, d’un pouvoir vertical épuisé. La solitude de Macron n’est pas une fatalité, mais le résultat logique d’une méthode : mépriser les partis, ignorer les corps intermédiaires, gouverner par décrets.

La question n’est plus de savoir si Macron peut encore gouverner, mais combien de temps la France supportera cette gabegie. Une chose est sûre : sans changement radical de méthode, le chaos durera. Et les premiers à en payer le prix, ce sont les Français.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Fallou Faye.
Mis en ligne : 09/10/2025

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