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L’annonce d’un accord entre Israël et le Hamas, négocié sous l’égide de Donald Trump, a été présentée comme un triomphe diplomatique, un « succès majeur » pour le président américain. La scène est connue : Trump, maître de cérémonie, interrompt une réunion à la Maison Blanche pour brandir une note annonçant l’imminence d’un cessez-le-feu, avant de s’empresser de le clamer sur Truth Social : « bénis soient les faiseurs de paix ! » Derrière ce théâtre médiatique, pourtant, se cache une réalité bien moins glorieuse.
En quête désespérée d’un prix Nobel de la paix, Trump a orchestré un accord fragile, bâti sur des pressions brutales, des concessions dangereuses et une instrumentalisation cynique des vies humaines. Loin d’être un pas vers la stabilité, cet accord est le symptôme d’une diplomatie spectacle, où l’ego prime sur l’intérêt général, et où les équilibres géopolitiques sont bousculés au profit d’une quête personnelle d’héritage.
Depuis deux ans, la guerre à Gaza a fait des dizaines de milliers de morts, réduit l’enclave palestinienne en champ de ruines, et plongé la région dans une crise humanitaire sans précédent. Pourtant, pour Trump, ce conflit n’est qu’une opportunité de plus à saisir. Comme le souligne Stéphane Rosenblatt, journaliste spécialiste des relations internationales, « Trump a utilisé le levier qu’il avait sur Israël et Benjamin Netanyahu pour forcer l’acceptation de ce cessez-le-feu » non par altruisme, mais parce que « ça a été la goutte d’eau » après l’échec de ses tentatives précédentes de s’imposer comme « faiseur de paix ». Le plan en 20 points imposé à Netanyahu, la scène humiliante des excuses au Qatar, la menace d’un « enfer total » brandie contre le Hamas : tout est calculé pour servir un seul objectif, celui d’une photo historique, d’un Nobel de la paix à ajouter à son palmarès.
Pourtant, les experts sont unanimes : le comité Nobel a déjà tranché pour 2025, et Trump n’a « aucune chance » de l’obtenir cette année. Peu importe. L’important, pour lui, est de pouvoir se draper dans le costume du sauveur, quitte à sacrifier la crédibilité des États-Unis et la sécurité d’Israël.
Trump a imposé à Netanyahu un plan incluant des points inacceptables pour Israël, comme la création d’un État palestinien, et a forcé le Premier ministre à s’excuser publiquement auprès du Qatar un pays accusé de financer le Hamas. Pire, il a légitimé indirectement le mouvement terroriste en republiant sa déclaration sur ses réseaux, une première pour un président américain. Comme le note le Huffington Post, « le Hamas n’a toujours pas répondu à l’ultimatum du président américain », rendant ce plan de paix plus virtuel que réel. Les otages libérés, présentés comme une « victoire », ne sont que des pions dans une stratégie électorale, sans garantie que le Hamas respecte ses engagements sur le long terme.
En offrant des garanties de sécurité au Qatar, Trump renforce un acteur ambigu, qui finance à la fois le Hamas et abrite la plus grande base américaine du Golfe. Le Qatar, « principal artery » du Hamas selon des documents israéliens, sort grandi de cette crise, tandis qu’Israël et les États-Unis en ressortent affaiblis. Comme le résume France Culture, le Qatar joue un double jeu : médiateur incontournable pour les Occidentaux, mais soutien financier et politique du Hamas.
Les Accords d’Abraham, signés en 2020 sous l’égide de Trump, avaient déjà montré les limites de sa diplomatie. Présentés comme une avancée historique, ils avaient en réalité gelé la question palestinienne et isolé l’Iran, sans résoudre les tensions régionales. Aujourd’hui, Trump reproduit le même schéma : des coups d’éclat médiatisés, mais aucune solution durable. Comme le souligne Le Devoir, ces accords visaient avant tout à « normaliser les relations entre Israël et les pays arabes », au mépris des aspirations palestiniennes.
« Avec moi, tu dois être d’accord », aurait lancé Trump à Netanyahu. Cette phrase résume une diplomatie fondée sur la coercition, où les alliés sont traités en vassaux et les ennemis en partenaires de circonstance. Une approche qui, comme le note le Crédit Agricole, « n’est pas un consentement libre » et qui « est contraire à la notion d’alliance ».
Construit sur des pressions ponctuelles, l’accord risque de s’effondrer dès que l’attention de Trump se détournera. Les familles des otages, instrumentalisées pour servir son image, n’ont aucune garantie que leur sécurité sera assurée après l’accord.
En légitimant le mouvement et en lui offrant une victoire symbolique, Trump affaiblit la position israélienne et américaine face au terrorisme. Comme le rappelle la BBC, le Qatar et le Hamas entretiennent des liens étroits, et Doha a longtemps nié tout soutien financier au groupe jusqu’à ce que des preuves accablantes émergent.
Comme le rappelle La DH, Trump a longtemps « donné les mains libres » à Netanyahu pour bombarder Gaza et a accordé une aide militaire massive à Israël. Difficile, dans ces conditions, de le présenter comme un artisan de la paix.
Donald Trump ne cherche pas la paix. Il cherche un trophée. En forçant un accord fragile, en humiliant ses alliés, en légitimant ses ennemis, il sacrifie la stabilité régionale sur l’autel de son narcissisme. La vraie paix exige du temps, de la confiance, et une volonté sincère de résoudre les conflits pas des coups de force médiatisés.
L’histoire jugera sévèrement cette diplomatie du spectacle. En attendant, une question s’impose : combien de vies, combien de compromis dangereux faudra-t-il encore pour assouvir l’obsession d’un homme ? La paix ne se décrète pas depuis le Bureau ovale. Elle se construit, patiemment, dans le respect des peuples et des équilibres géopolitiques. Trump, lui, n’a que faire de ces principes. Pour lui, Gaza n’est qu’un décor, et les otages, des figurants dans le grand spectacle de sa gloire personnelle.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Aziz Dia.
Mis en ligne : 12/10/2025
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