Netanyahou mise sur la force brute : Une guerre sans issue ni justice - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - International | Par Eva | Publié le 29/08/2025 07:08:15

Netanyahou mise sur la force brute : Une guerre sans issue ni justice

Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »

L’armée israélienne a commencé, ce 21 août 2025, à encercler la ville de Gaza, dernier bastion du Hamas dans l’enclave palestinienne. Deux brigades d’infanterie et une de blindés sont déployées en périphérie, tandis que des incursions ont déjà commencé dans les quartiers de Zeitoun et de Jabaliya. Près d’un million d’habitants sont appelés à évacuer vers le sud, sous la menace d’une offensive qui s’annonce longue et meurtrière. Le ministre de la Défense, Israel Katz, qualifie même le plan d’« excellent ».

Pourtant, derrière cette rhétorique de la « victoire », se dessine une réalité bien plus sombre : celle d’une opération militaire vouée à l’échec sur le long terme, qui ne fera qu’alimenter le cycle de la violence et aggraver la crise humanitaire. L’histoire récente le prouve : chaque offensive israélienne à Gaza depuis 2008 a renforcé le Hamas et radicalisé la population, sans apporter de solution durable. Israël mise tout sur la force, sans proposer d’alternative politique crédible. Et si cette nouvelle offensive n’était qu’un chapitre de plus dans une guerre interminable, où chaque « victoire » militaire prépare la prochaine crise ?

Depuis 2007, Israël et le Hamas se sont affrontés à quatre reprises (2008-2009, 2012, 2014, 2021), avec un bilan humain effroyable : environ 6 400 Palestiniens et 300 Israéliens tués. Chaque fois, l’objectif affiché était le même : détruire le Hamas et mettre fin aux tirs de roquettes. Chaque fois, le résultat a été identique : une destruction massive, des milliers de civils palestiniens tués, et une radicalisation accrue de la population. L’opération « Plomb durci » (2008-2009) a fait 1 400 morts côté palestinien, dont 300 enfants, pour 13 morts côté israélien. En 2014, l’offensive « Bordure protectrice » a causé la mort de plus de 2 250 Palestiniens, majoritairement des civils, et 73 Israéliens. À chaque fois, le Hamas a survécu, voire renforcé son emprise sur Gaza, tandis que la population civile payait le prix fort : hôpitaux détruits, blocus humanitaire, déplacements forcés.

En 2023-2025, la guerre a atteint un niveau de violence inédit : plus de 61 000 morts palestiniens, dont 18 000 enfants, et une crise humanitaire sans précédent, avec 93 % des Gazaouis en situation d’insécurité alimentaire aiguë. Malgré les frappes massives et l’occupation partielle du territoire, le Hamas reste en place, et la résistance armée persiste. Pire : l’absence de perspective politique a nourri un sentiment d’abandon et de désespoir, faisant le lit de l’extrémisme.

Israël promet de « détruire » le Hamas et de « libérer » Gaza. Mais qui gouvernera après ? Le général Effie Defrin évoque une opération planifiée jusqu’en 2026, sans préciser quel régime sera instauré à Gaza. L’expérience passée montre que les offensives israéliennes n’ont jamais permis de stabiliser la région. Au contraire, elles ont créé un vide politique et sécuritaire, rapidement comblé par des groupes encore plus radicaux. En 2025, le Hamas conserve le contrôle de Gaza, malgré les frappes et les assassinats ciblés. La destruction du groupe, même si elle était possible, laisserait place à un chaos encore plus dangereux.

L’encerclement de Gaza et l’évacuation forcée d’un million de civils rappellent les pires heures des conflits coloniaux. L’ONU et les ONG alertent : ces déplacements massifs, couplés au blocus et aux bombardements, aggravent une crise humanitaire déjà catastrophique. Les coûts humains et économiques sont exorbitants : plus de 54 milliards de dollars de dépenses militaires pour Israël, une économie en récession, et une dette publique qui explose. Pourtant, aucune issue politique n’est proposée. Le Premier ministre Netanyahou, sous pression de son extrême droite, refuse même d’examiner un accord de trêve déjà accepté par le Hamas, préférant la logique de la guerre totale.

Israël et la communauté internationale continuent de brandir la « solution à deux États » comme un horizon, alors que les faits montrent qu’elle est de plus en plus irréaliste. La colonisation en Cisjordanie, l’annexion de fait de territoires, et le rejet croissant de cette option par l’opinion publique israélienne (63 % des Juifs israéliens y sont opposés en 2025) rendent toute négociation impossible. Pire : le gouvernement israélien actuel ne souhaite pas donner d’horizon politique aux Palestiniens, préférant gérer le conflit par la force plutôt que de chercher une paix juste.

L’histoire montre que plus la répression est violente, plus la résistance s’enracine. Les frappes israéliennes, en tuant des civils et en détruisant les infrastructures, ne font que nourrir la haine et le désir de vengeance. Le Hamas, même affaibli, sera remplacé par d’autres groupes, encore plus radicaux.

Avec plus de 61 000 morts palestiniens et des milliers de blessés, la communauté internationale ne peut plus fermer les yeux. Les mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale contre Netanyahou et Gallant pour crimes de guerre en sont la preuve.

Les condamnations internationales se multiplient, et même les alliés traditionnels d’Israël, comme les États-Unis, commencent à s’impatienter. Sans solution politique, Israël risque de se retrouver isolé, face à une population palestinienne toujours plus déterminée à résister.

L’économie israélienne ne peut supporter une guerre sans fin : Avec un coût estimé entre 54 et 68 milliards de dollars, cette guerre est la plus longue et la plus coûteuse de l’histoire d’Israël. La croissance s’effondre, la dette publique explose, et les réservistes, mobilisés depuis des mois, ne peuvent indéfiniment porter ce fardeau.

Comme les États-Unis au Vietnam, Israël s’enlise dans une guerre qu’il ne peut ni gagner ni perdre. Chaque offensive renforce l’ennemi, chaque « victoire » militaire prépare la prochaine insurrection. Le parallèle est frappant : une armée technologiquement supérieure, face à une guérilla déterminée, dans un contexte de crise humanitaire et d’absence de légitimité internationale. À force de miser sur la force brute, Israël risque de reproduire les erreurs américaines des années 1960-1970 : une guerre coûteuse, impopulaire, et sans issue.

L’encerclement de Gaza n’est pas une solution, mais une impasse. Tant qu’Israël refusera de négocier une paix juste, basée sur la fin de l’occupation, la reconnaissance des droits palestiniens, et la création d’un État viable, le cycle de la violence continuera. La « victoire militaire » est un leurre : elle ne fera qu’alimenter la radicalisation, aggraver la crise humanitaire, et isoler davantage Israël sur la scène internationale.

La vraie question n’est pas de savoir si Israël peut prendre Gaza, mais ce qu’il compte en faire après. Sans réponse politique, cette offensive ne sera qu’un nouveau chapitre d’une guerre sans fin, où les seuls perdants seront les civils palestiniens et israéliens, condamnés à vivre dans la peur et la violence. Il faut rompre avec la logique de la force et d’engager enfin un dialogue sérieux pour une paix durable. Sinon, Gaza restera à jamais le symbole d’un échec stratégique et moral. Et si la vraie menace pour Israël, ce n’était pas le Hamas, mais l’absence de paix ?

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Momo Mbengue.
Mis en ligne : 29/08/2025

La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.


Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Copyright © 2023 www.notrecontinent.com

To Top