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Un récent article factuel sur l’ampleur inquiétante de la consommation d’alcool à Ziguinchor, où 11 % de la population dépasse la moyenne nationale, et où 85,7 % des 16-17 ans ont déjà expérimenté l’alcool avant même d’être majeurs. Ces chiffres, révélés par l’enquête STEPS 2024 et le Dr Youssouf Tine, ne sont pas seulement des statistiques : ils sonnent comme un glas pour l’avenir d’une région entière.
Face à cette réalité, il est urgent de dénoncer l’inaction collective et de mesurer l’ampleur des dégâts infligés à une jeunesse sacrifiée sur l’autel de l’oisiveté et du désespoir.
Ziguinchor n’est pas un cas isolé. En Afrique de l’Ouest, la consommation d’alcool explose, notamment chez les jeunes, en raison du chômage endémique, du manque de perspectives et de la facilité d’accès à des boissons artisanales ou importées. Pourtant, contrairement à d’autres régions où des politiques publiques tentent de freiner ce fléau, Ziguinchor semble condamnée à regarder sa jeunesse s’enfoncer dans une spirale de dépendance et d’exclusion. La proximité avec la Guinée-Bissau et la production locale de boissons fortes (« kadjou », « soum-soum ») aggravent une situation déjà critique, transformant l’alcool en échappatoire illusoire pour des milliers de jeunes sans emploi ni formation.
Les données sont accablantes : 85,7 % des adolescents de 16-17 ans ont déjà bu de l’alcool. Ce chiffre n’est pas anodin. Il révèle une normalisation de la consommation précoce, souvent perçue comme un moyen de rompre avec la monotonie d’un quotidien sans espoir. Pourtant, l’alcool ne libère pas : il enferme. Il altère la santé, réduit les capacités cognitives, et hypothèque toute possibilité de développement personnel ou professionnel. Les conséquences sont immédiates : désinhibition, accidents, violences, mais aussi, à long terme, une exclusion sociale et économique irréversible.
Contrairement à des pays comme la France, où la consommation chez les jeunes a baissé de 31 % entre 2017 et 2022 grâce à des campagnes de prévention ciblées, Ziguinchor ne bénéficie d’aucune stratégie efficace. Pire, l’oisiveté et le chômage, déjà élevés en Afrique de l’Ouest, sont aggravés par l’alcool, qui transforme des jeunes en actifs potentiels en individus dépendants, incapables de contribuer au développement de leur région.
L’alcool n’est pas une fatalité, mais le résultat d’un abandon collectif. En Côte d’Ivoire, des initiatives nationales, soutenues par des acteurs publics et privés, montrent qu’il est possible de mobiliser la société civile et les autorités pour sensibiliser et agir. Au Tchad, des centres d’accompagnement aident les jeunes à se reconstruire, prouvant que la lutte contre l’alcoolisme est avant tout une lutte pour la dignité et l’espoir. À Ziguinchor, en revanche, les « Daakaa », ces lieux de consommation collective, sont devenus des symboles de la démission générale. Les familles ferment les yeux, les commerçants vendent sans scrupules, et les autorités tardent à agir. Pourtant, chaque verre bu par un mineur est un pas de plus vers la marginalisation, un emploi perdu, une famille appauvrie.
La jeunesse de Ziguinchor mérite mieux qu’un avenir noyé dans l’alcool. Il faut que les responsables locaux, les leaders communautaires et l’État sénégalais prennent la mesure de cette crise. Des solutions existent : régulation de la vente, campagnes de sensibilisation, création d’espaces de loisirs et de formation.
Mais pour cela, il faut d’abord reconnaître l’urgence et cesser de considérer l’alcool comme une fatalité. L’avenir de Ziguinchor se joue aujourd’hui. Si rien n’est fait, ce ne sont pas seulement des vies qui seront brisées, mais toute une région qui perdra sa force vive. La question n’est plus de savoir si on peut agir, mais si on a encore le courage de le faire.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Salamata Sambou.
Mis en ligne : 07/10/2025
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